John McCabe sort en 71, le western est déjà mort, Peckinpah et Leone lui ayant concocté un enterrement en grande pompe et le moins que l’on puisse dire c’est que le film d’Altman va dans ce sens.
Qui est donc ce John McCabe ? Un homme qui se pointe en 1901 dans une tout petite ville minière des plus sordides, certains le connaissent de réputation, ont supposent alors que c’est une de ces fameuses gâchettes de l’Ouest. Pourtant son but dans cette ville est d’ouvrir un saloon et un bordel pour faire un peu d’oseille, en somme rien de bien glorieux.
Je crois que c’est le film le plus désenchanté que j’ai vu sur l’Ouest américain, pas le plus violent, ni le plus nihiliste ou le plus misanthrope, mais peut être le plus crasseux. Chez Leone et Peckinpah (pour ne citer qu’eux) on avait des hommes qui n’était plus les héros attendus, mais ils étaient malgré tout de vrais gaillards, souvent des tueurs impitoyables capable de prouesse au pistolet et n’ayant pas peur de grand-chose. Altman lui, va encore plus loin, la dimension du héros n’est évidemment plus là, mais c’est surtout celles de « l’homme de l’Ouest » qui en prend pour son grade. Ici les hommes sont des pouilleux, sans morale ça ont sans doute, mais surtout sans couilles, John McCabe claque littéralement des dents quand il entend parler de l’arriver d’un tueur, on se rend compte alors que sa réputation tiens d’un « on dit ». Altman n’a pas oublier la morale de Liberty Valance, c’est juste qu’il ne l’applique pas, il montre ce qui s’est passé mais pas ce qu’on en a retenu, c’est assez stupéfiant.