John McCabe est probablement un des personnages avec le look le plus stylé de l'histoire du cinéma, la classe naturelle de Warren Beatty couplé à cet énorme manteau de fourrure couronné de ce chapeau melon lui donne une sacrée allure.
Cela est d'autant plus intéressant quand on observe la déconstruction progressive de l'image de son personnage qui est mise en place. Tout d'abord introduit - dans une longue & magnifique scène crépusculaire - comme un personnage presque cliché de western : mystérieux, badass, réputé et redouté on se rend compte petit à petit que c'est en réalité un pauvre type. Mais un pauvre type attendrissant, naïf, peu sûr de lui et incapable d'exprimer ses sentiments face à une Mrs. Miller qui semble bien plus forte et réaliste que lui, ce qui explique d'ailleurs sa profonde tristesse.
A mon sens le film peine malgré tout à bien nous faire comprendre son propos mais comme souvent chez Altman même s'il nous le dit pas clairement, tout se passe sous nos yeux, tout est limpide il faut juste prendre la peine d'écouter. L'écrasement insidieux des petites gens par le capitalisme naissant américain est bien là, bien présent mais raconté au travers de l'histoire de cette petite ville et de sa communauté, loin de la grandiloquence habituelle.
La photographie de ce film est magnifique et le grain naturel typique de cette époque y est pour beaucoup (j'en suis particulièrement fan) pour retranscrire l'ambiance de ce village de pionniers sale et miséreux comme on les connaît si bien dans le cinéma américain.
Je n'ai aucun doute qu'avec le temps, j'aimerai de plus en plus ce film, d'ailleurs je l'aime déjà un peu plus juste en ayant écrit ce texte.