Un an après l'excellent MASH, Robert Altman nous offre un western fabuleux, tranche de vie d'une petite ville minière du nord ouest des Étas-Unis, au début du XXe siècle, où John McCabe, joueur de poker et "business man", débarque et flaire le bon filon : ouvrir un bordel dans cette ville qui ne compte exclusivement que des hommes. Les débuts quelque peu chaotiques seront vite oubliés lorsqu'arrive Mrs. Miller, une "professionnelle", femme de caractère, qui convainc McCabe de faire équipe avec elle. L'établissement devient vite une référence dans la région et, fort de son succès, fera quelques jaloux...
Dès les premières scènes, j'ai senti que ça allait me plaire. John McCabe arrive sous la neige, emmitouflé dans son manteau de fourrure, avec Leonard Cohen en musique de fond. Il rentre dans l'unique bar-hôtel de la ville et engage une partie de poker. À la lumière d'une lampe à huile, on découvre enfin tous les visages crasseux des habitants, curieux de voir débarquer cet étranger qui fait déjà figure de héros.
Pourtant Altman ne nous montre aucun personnage sous son côté héroïque. McCabe développe une certaine affection pour Constance Miller, mais regrette de devoir toujours payer pour partager son lit. Son penchant pour la boisson lui coutera gros. Elle, Mrs. Miller, cache son penchant pour la drogue et son attitude envers McCabe est ambigüe. De leur relation, on n'en montrera pas plus.
La musique de Leonard Cohen donne une touche sublime et mélancolique au film qui se contente finalement de nous montrer la vie d'une petite ville isolée où il ne se passe pas grand chose et où un bordel rassemble plus de gens que ne le fait la petite église laissée quasi à l'abandon. Mais on ne peut s'empêcher de rester scotché, tant c'est magnifiquement filmé et tant les acteurs, même sans grandes démonstrations, nous touchent.
Un grand western par un grand réalisateur.