Johnny Guitare est un western féministe marquant et c'est tout ! Il a inspiré de belles suites sur grand écran, mais les réalisateurs ont aussi détourné ce qu'il faisait de moins digeste et puritain.

Que des héroïnes à la Calamity Jane fassent le pas est une chose, que Joan Crawford joue bien aussi, mais le scénario est un tantinet lourdingue. C'est très théâtral, les scènes sont marqués par à-coups, c'est Phèdre de Racine avec l'étalage caché des sentiments. Néanmoins, le script se perd dans des scènes de bastons naïves. Des sbires à la botte qui ratent tout ce qui est possible en terme d'actions. Les plans, les decors, ne sont pas dérangeants. En revanche, l'emplacement enchevêtré des personnages rendent la lecture plus difficile. Les westerns, ce sont les grands espaces avant tout. La scène d'intro s'y tient, en intérieur, comme en extérieur. On sent le périple derrière tout ça. La suite m'a moins convaincu et s'étouffe dans un embouteillage de maquettes étroites. Le Bon, la Brute et le Truand permettaient à l'inverse de sentir une liberté XXL.

Toute cette hype, peut être, autour d'un beau gosse blond qui sait jouer de la gratte n'est pas sans rappeler Ryan Gosling dans Barbie. Et encore, j'avais apprécié ce Gosling pétillant. Là, ce Johnny Guitare n'est que l'ombre de lui-même. Il est effacé par une dualité de personnages féminins Crawford/Mercedes, qui se prennent le bourrichon. Des caractères authentiques, mais le souci est plutôt dans la finalité simpliste du film . Le jeu des couleurs est à la fois louable et encore perfectible. Il offre quelques regards éclatants, mais rien ne vaut parfois la mélancolie de Charlie Chaplin (plus tôt) ou d'Élephant Man (bien plus tard), sans même avoir besoin de pyrotechnie ou de tonalité surjouée. Johnny Guitare est pour moi un film qui ne se défait pas du noir et blanc, le clin d'œil hitchockien peut-être, mais la nouveauté des couleurs est presque indifférente.

Il est très probable que les années 50 ont servit de tremplin pour les grands spaghettistes. Agrandir les regards en gros plans, dessiner une ambiance ou une ville du Farwest. Il manque simplement une finesse scénaristique à un Johnny Guitare assez lisse pour upgrader avec une belle ceinture.

Archonte
5
Écrit par

Créée

le 30 juin 2024

Critique lue 39 fois

1 j'aime

Archonte

Écrit par

Critique lue 39 fois

1

D'autres avis sur Johnny Guitare

Johnny Guitare
SanFelice
10

A trouble maker

Je ne suis pas un admirateur de la Nouvelle-Vague. Ni des films qu'ils ont faits, ni des choses qu'il sont pu écrire. Cependant, une des rares fois où je suis tombé d'accord avec ces brigands de...

le 31 janv. 2018

40 j'aime

6

Johnny Guitare
guyness
4

Avec sa guitare, Johnny à l'idée...

... de faire oublier son passé de terreur de la gâchette. Et c'est à peu près la seule bonne du film. Bon, ceux d'entre vous qui me font le plaisir infini de lire régulièrement mes modestes critiques...

le 9 juin 2012

39 j'aime

11

Johnny Guitare
Ugly
6

Les jupons éclipsent les cowboys

En s'appuyant sur un scénario bien écrit du talentueux Philip Yordan, Nicholas Ray réalise un classique du western et semble rester fidèle aux conventions du genre ; ça débute en effet comme tout...

Par

le 20 avr. 2017

26 j'aime

16

Du même critique

Shōgun
Archonte
7

La pépite controversée

Cette série est imparfaite, mais j'hésitais à lui mettre un coup de coeur en même temps.Commençons par les quelques défauts, pour valider en pointillés le scepticisme et le feu des critiques autour...

le 12 mars 2024

11 j'aime

1

Twisters
Archonte
2

Un Top Gun qui ne décolle pas

Non ! Ce film est un ratage semi-complet, qui loupe tous les virages possibles et s'offusque dès la mise en route. Je préfèrais la capture de fantômes de Ghostbusters, que les chasseurs d'ouragans.Je...

le 18 juil. 2024

10 j'aime

9

Troie
Archonte
8

L'amour ou la gloire

Je pense sincèrement qu'il faut prendre du recul par rapport à L'Iliade, laissons les puristes naviguer avec Homère. Déjà dans Troie, il faut choisir son camp. Un scénario déjà établit certes, mais...

le 7 oct. 2016

8 j'aime

1