Dans un pays d'Afrique anglophone non identifié -qui pourrait être, suivant l'histoire récente, le Libéria- s'affrontent, dans une guerre civile meurtrière, armée régulière et forces rebelles.
Le réalisateur Jean-Stéphane Sauvaire s'attache aux basques d'un groupe d'enfants et d'adolescents embrigadés par les rebelles et illustratifs d'un typique phénomène africain. Déjà rompue au combat de rue, la petite troupe, disparate et bariolée, costumée comme au carnaval,
sème la mort en rejoignant la capitale, exécute sans discernement, ivre de haine et de violence.
Sans conscience politique, seulement guidés par les aboiements furieux de généraux auto-proclamés, ces gamins sans famille, gonflés par le pouvoir des armes, combattent en assassins et en chapardeurs. Le réalisateur évoque la condition de ces enfants-soldats sans discours, uniquement à travers leurs actes, souvent sadiques et humiliants, telle cette séquence où un gamin haut comme trois pommes ordonne à un vieillard. C'est un film âpre et brutal parce que réaliste -ses interprètes sont d'anciens enfants-soldats- et parce qu'il est dans l'action et la férocité constamment, éludant la politique et la morale. Le principal objectif de Sauvaire est de montrer, de comprendre comment ces jeunes africains ont perdu l'innocence.