Ne surtout pas lui poser un lapin !

Franchement, qu'un tel projet ait pu voir le jour à Hollywood actuellement est une sacrée bonne nouvelle. Quel plaisir de voir certains auteurs s'atteler à un projet vraiment personnel, faisant souvent fi des conventions et du regard porté habituellement par le temple du cinéma sur la Seconde Guerre mondiale. D'emblée, que ce soit avec cette idée insensée de faire d'Hitler l'ami « imaginaire » de Jojo ou de proposer un ton très caustique, ironique sur ce régime nazi en fin de règne et en pleine perdition, choisissant ouvertement l'humain tout en racontant l'histoire intégralement du point de vue allemand, je trouve ça fort.


Des qualités qui ne se démentiront jamais par la suite, le regard aussi bien sur l'enfance que sur ces derniers mois interminables (qui plus est côté germanique) s'avérant souvent très juste, à l'image de la relation finalement assez complexe unissant Jojo et Elsa, jamais manichéenne, finissant par prendre une tournure vraiment émouvante au fil des minutes. Autre immense qualité de l'œuvre, devenue très rare aujourd'hui : l'immense soin apporté au seconds rôles, tous aussi bien écrits qu'excellemment interprétés : Sam Rockwell, réjouissant, Stephen Merchant, hallucinant avec seulement une poignée de minutes à l'écran, l'irrésistible Archie Yates, Taika Waititi en improbable Führer, Rebel Wilson et bien sûr l'exquise Scarlett Johansson, que l'on retrouve loin de l'univers Marvel avec un très grand plaisir.


Si l'on sent bien que le mélange des genres est fragile, qu'on frôle parfois la lourdeur, il y a toujours quelque chose pour que cela fonctionne, que l'on s'implique dans cette démarche audacieuse et originale, offrant également quelques très scènes très fortes


(la pendaison de la mère, j'ai encore du mal à m'en remettre).


Bref, faisant fi des convenances jusqu'à nous proposer


les Beatles et David Bowie (enfin, une reprise!) en allemand,


« Jojo Rabbit » est une vraie bouffée d'air frais en ce début d'année 2020 : plusieurs nominations aux Oscars et celui du meilleur scénario adapté on ne peut plus légitimes.

Caine78
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le 23 févr. 2020

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Caine78

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