Papapaaaah, c'était vraiment un grand moment, une très belle séance et une avant première qui fait plaisir (3 avp cette année 3 très bons films). J'avoue que j'étais pas trop prêt, même si dès le départ, ça se sentait que ça allait un peu nous bousculer.
Déjà, ce qui frappe vraiment, c'est la prestation de Phoenix juste in-croy-able. Que ce soit dans le regard, la démarche, le sourire et le rire (qu'il peut faire quand il veut, je comprends pourquoi on a eu droit à plein d'article évoquant son rire), il interprète magnifiquement bien le Joker et est parfois terrifiant (quand on le voit parler avec son patron, son visage se fige et devient effrayant). A mon sens, ce qui m'a le plus marqué, c'est quand il apprend son histoire et
qu'il pleure en même temps d'avoir un fou-rire
...non vraiment, s'il n'a pas au moins une nomination pour les Oscars, j'vois pas ce qu'il faut de plus. Le reste des acteurs, beaucoup moins présents, sont tous très bons aussi.
Visuellement c'est très soigné, la photographie et les lumières sont sublimes, et la mise en scène avec pas mal de plans d'ensemble symétriques plaçant Arthur au centre du cadre est très bonne également. Une très bonne idée de réalisation, les escaliers qu'Arthur monte faisant ainsi un parallèle avec l'ascension vers la folie totale et qu'au moment où il devient le Joker, il les redescend, comme s'il a toujours été le Joker et qu'il accepte le fait de l'être, montré par la danse (accentué par le fait qu'il dit qu'il est dans son état normal). On regrettera juste un peu trop de champs-contre champs lors des dialogues, ceci dit, ce procédé nous permet d'avoir des gros plans sur le visage d'Arthur et ainsi nous rapprocher un peu plus de lui.
Car oui, durant tout le métrage, on suit le parcours de son personnage principal. Un parcours qui nous offre certains moments surprenants et nous montre ce qu'est la folie meurtrière. Un parcours qu'on arrive à comprendre et qui est totalement crédible. Une folie qui évolue via tous les personnages secondaires, à chaque fois qu'un personnage apparaît, la folie d'Arthur s'accentue. Mais ce n'est pas les seules raison, le manque de reconnaissance, la solitude, le fait qu'on lui aie menti toute sa vie, l'immondicité du monde (hop, l'inspiration Taxi Driver se fait ressentir sur ce point là, une inspiration qui va jusqu'à la presque copie d'une scène, celle où il
tire sans faire exprès
, ça m'a vraiment fait penser à la scène du "are you talking to me ?") tout ça renforce la folie d'Arthur (non mais allô,
il rentre dans un frigo
...ça m'a glacé le sang ce moment). Jusqu'au final, avec un monologue poignant et la réussite du personnage. Non mais en fait j'ai pas les mots pour décrire ça, on a un peu d'empathie mais en même temps, on est effrayé par ce personnage sur lequel tous les malheurs de la vie s'abat.
En ressort donc une ambiance assez malsaine et des moments qui m'ont laissé bouche-bée:
le meurtre des trois gars bourrés (le moment où on se dit, ça y est, ça va totalement partir en vrille), le meurtre de sa mère et celui de son collègue (on voit dans ce dernier toute la violence du personnage et c'est là qu'on voit qu'il a totalement pété les plombs) et le final d'une telle intensité (à partir du train) servie par une musique qui m'a envoûtée, un peu de poésie, le Joker malgré lui reconnu comme un Dieu et un poil de fan-service mais nécessaire (le meurtre des parents de Wayne et le sourire avec le sang).
Enfin bref, en négatif, je lui reproche juste un poil de longueur mais justement, on prend le temps de raconter l'histoire, de poser une ambiance et de nous mettre un p'tit coup dans la nuque dès qu'il y a de l'action. C'est un film que je dois revoir et que j'apprécierai peut-être plus lors d'un second visionnage. Ce film vient un peu casser les codes des adaptations de comics et rien que pour ça, il fait du bien. 4,5/5.