Attention, spoilers
Comme à mon habitude, toujours très méfiante envers les films aux critiques élogieuses, c'est avec pleins d'a priori et d'idées déjà toutes faites que j'entre dans la salle qui s'apprête à projeter JOKER. D'autant plus que la bande annonce, peu vendeuse à mon goût, montre un Joaquin Phoenix surjouant une folie convenue, assorti d'un marketing tapageur qui rappelle les films de super héros dont le film semble vouloir s'affranchir.
JOKER aura eu gain de mes préjugés , c'est un film dont la réalisation et le jeu d'acteurs frôlent la perfection.
Outre le choc visuel de cette pépite réalisée par Todd Philips - et chapeau également au jeu brillant de Joaquin Phoenix, qui n'en fait jamais trop ni trop peu-, JOKER nous interroge sur nos propres limites, notre manière de voir le monde , et surtout sur la frontière ténue entre le bien et le mal. C'est aussi un hymne déchirant aux oubliés, aux humiliés, aux méprisés, aux fameux "clowns" de la société, quels qu'il soit.
Sans jamais justifier ou encenser les actes atroces commis par son protagoniste, le film propose simplement de se questionner sur notre morale et nos rapports aux autres. Au final , on se demande : qui est le monstre? qui est le clown? Ce présentateur, qui tourne en ridicule à la télévision un homme handicapé, ce politicien, pour qui les opprimés ne sont que des clowns, ce collègue, qui trahit son camarade pour le faire licencier, ou cet homme , torturé par une société dénuée d'humanité et de bienveillance, pour qui la révolte meurtrière sera la seule issue?
Joker déroule sans complaisance le parcours d'un homme usé par la vie , où la violence devient une pulsion salvatrice, un remède à la mort elle-même.
Magistral.