Mother est un film de Darren Aronofsky sorti sur nos écrans en Septembre 2017.


Si le début de Mother donne l’impression d’une œuvre toute en finesse et maîtrisée, la deuxième moitié du film, à mon sens totalement déconnectée de la première,vient entacher une trame pourtant prometteuse. Le tout donne un résultat très mitigé : un thriller oppressant suivi d'un méli-mélo de visions de violence apocalyptiques dénuées de sens, et , plus grave, d’émotions.


Commençons par le pitch du film : un couple, dans une grande maison isolée. Aucun signe de modernité, le lieu semble figé dans le temps. Lui plus âgé qu'elle, créateur en mal d'inspiration. Du jour au lendemain, un homme s'invite dans leur maison, suivi de sa femme et de leurs enfants. Si le mari ne semble pas gêné par cette visite, madame se sent anxieuse. Et ce n'est que le début des ennuis pour elle.
Spoiler : le film semble être une métaphore de la Bible, tant il multiplie les allégories allant dans ce sens : le créateur, la fertilité, les deux invités représentant Adam et Eve, leurs enfants qui s’entre-tuent à l'image de Caïn et Abel ;puis la naissance de l'enfant et son sacrifice à l'image de Jésus, parmi les symboles marquant qui permettent de déterminer la métaphore.


Pourquoi j’aime (j’aimais ?) Darren Aronofsky
Pour son art du crescendo scénaristique. Que ce soit dans Requiem For a Dream , Black Swan, ou encore The Wrestler dans une certaine mesure, l'enfer que vont vivre les personnages et, parallèlement, la tension éprouvée par le spectateur face à leur malheur s'installent de manière tellement progressive, insidieuse , perfide, que jamais les apothéoses finales, pourtant en soit rocambolesques, ne m’ont parues incohérentes. Et c’est la raison pour laquelle ces films vous prenaient aux tripes, vous faisaient réfléchir des heures après leur visionnage. Parce que vous n’avez rien vu venir de loin, parce que vous vous êtes attachés aux personnages et que leur souffrance va s’échelonner tout au long du film, de manière à ce qu’à la fin, on vous présente quelque chose de parfaitement horrible, et l’émotion sera au rendez vous car à aucun moment vous ne trouverez ça incohérent. Dans Mother, Darren Aronofsky a tenté ce fameux crescendo du cauchemar, mais n’y est pas parvenu. Il est tellement mal maîtrisé que les images d’horreur en fin de film, dont l’intention provocatrice frise d’ailleurs le grotesque, n’ont eu aucun effet sur moi tant elles semblent déconnectées de la réalité qui nous a été présentée dans la première partie du film. Cela s’explique principalement par cette coupure que le réalisateur a choisi d’opérer en milieu de son récit : les invités étranges arrivent, dans une grande maison isolée et intemporelle, venant perturber la tranquillité du couple . Ils ont des propos réalistes mais des attitudes dérangeantes, nous rappellent ces voisins un peu envahissants et intrusifs que l’on a tous connus, nous angoissent sans que l’on identifie réellement pourquoi. L’atmosphère anxiogène fait son effet, mais le rythme du film vient soudainement la casser : les invités sont chassés, retour au calme le plus plat, et on part sur de nouvelles thématiques en aucun cas lié à ce qui précède, que sont la maternité et l’achèvement d’une œuvre littéraire. Débarquent ensuite de nouveaux invités , et ici la mise en scène s’apparente à une conférence de presse : le mari répond aux question, puis soudain le scénario se perd gravement et le tout part en scènes de violences apocalyptiques complètement démesurées et incohérentes. Quel gâchis.


Le film pêche donc par sa construction, mais également par la pauvreté de son propos: une métaphore lourdaude et inutile
Une métaphore, pour être intéressante, doit donner à son spectateur une vision novatrice de l'objet auquel elle se rapporte. Elle doit permettre de lui ouvrir les yeux, et de proposer une interprétation différente des choses. S’il s’agit d’une métaphore pour faire une métaphore, alors elle perd en utilité et en crédibilité. Ici , où est l’intérêt de nous dire : il s’agit d’une allégorie de la Bible. Le film présente t-il le texte sous un jour nouveau ? Non. Chaque personne ayant un minimum de culture religieuse saura parfaitement que la bible est un écrit très violent. Donc à mon sens, l’intention du réalisateur, qui est manifestement de nous dire que la Bible c’est gore, enfonce une porte largement ouverte et décrédibilise son propos.


Je finirais par une note positive, car le film vaut tout de même la peine d’être regardé. Pour les plans,pour le soin apporté à la photographie, pour la belle Jennifer Lawrence, présentée ici comme une figure rassurante de féminité et d’abondance, pour la première partie, énigmatique et diaboliquement dérangeante.

Solene63
5
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le 14 déc. 2017

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Solene63

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