Le sacre de l'été
Le plus immédiatement troublant devant Midsommar, c'est sans doute – comme à peu près tout le monde l'aura relevé – de se retrouver face à une œuvre horrifique toute faite d'été, de ciel bleu, de...
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Midsommar est dépeint par les critiques comme la perle horrifique de l'été . Il s'agit là du second métrage d'Ari Aster, réalisateur d « Hérédité », une production également proposée par les studios A24.
Je n'avais pas vu Hérédité, mais les bandes annonces et la hype générale autour de Midsommar laissaient présager du grand cinéma d'horreur/d'auteur.
Le pitch du film « Dani et Christian sont sur le point de se séparer quand la famille de Dani est touchée par une tragédie. Attristé par le deuil de la jeune femme, Christian ne peut se résoudre à la laisser seule et l’emmène avec lui et ses amis à un festival estival qui n’a lieu qu'une fois tous les 90 ans et se déroule dans un village suédois isolé.
Mais ce qui commence comme des vacances insouciantes dans un pays où le soleil ne se couche pas va vite prendre une tournure beaucoup plus sinistre et inquiétante. »
Si la première partie est prometteuse, la seconde use de poncifs lourdeaux , de racourcis faciles et d'imageries inutilement traumatisantes.
Attention, spoiler
Nous suivons donc une jeune femme perturbée par un drame familial (Dani), son petit ami maladroit et lâche, hésitant à la quitter (Christian), un jeune doctorant en anthropologie (Josh), un stéréotype de l'étudiant beauf (Mark) et pour finir un habitant de la « Harga » - la secte païene dont fait l'objet le film- en Erasmus auprès de cette joyeuse troupe (Pelle).
Le traumatisme subi par Dani et sa gestion du deuil, en première partie, est magnifiquement représenté. Puis vient le voyage en Suède de la joyeuse bande : comme nous le fait comprendre le réalisateur de manière peu subtile par un plan inversé , nous voilà entrés dans un autre monde. Tout n'est que fleurs, habits blanc, musiques, danses , dans un univers communautaire, où les habitants prônent la proximité à la nature et au cycle de la vie. Pour autant, le spectateur commence à sentir un malaise inexpliqué : c'est là le tour de force du réalisateur .
Je dois dire que jusqu'ici, le film réalise presque un sans faute. Esthétisme, photographie magnifique, musique envoûtante , environement onirique et inquiétant à la fois, réalisme des situations et jeu d'acteur bluffant -note spéciale à Florence Pugh. On s'y croirait presque, au milieu de cette communauté new age un peu malsaine, et on commence justement à se sentir inconfortable, gêné, sans que l'on sache vraiment pourquoi.
Pour moi, tout bascule à partir de la scène de la falaise, environ au premier tiers du film.
Les images sont crues, violentes, et inutilement traumatisantes. On perd en réalisme car la caméra effectue des zooms sur les visions d'horreur, alors que les protagonistes sont physiquement loin des évènements. Jusqu'ici, on suivait l'action à travers leurs yeux, et cette identification du spectateur emplifiait justement la sensation de malaise. Quel besoin d'avancer la caméra au plus près d'un crâne défoncé, d'un homme décapité, à plusieurs reprises, si ce n'est pour dire « Bouh, regardez, scène choquante » ?
Après cette scène, tout s'enchaîne : les protagonistes , pourtant conscients d'un danger palpable, ont bien évidemment les réactions stéréotypées des films d'horreur - alors qu'on dit à Josh qu'il est interdit de prendre des photos, il va bien sûr photographier le livre sacré , de nuit.
La communauté montre ses crocs, chaque personnage connaît un destin funeste, Dani est élue reine puis change du tout au tout, on émiette quelques visions choquantes et indigeste ; et c'est la fin.
Tout ça pour quoi, au final ? Une métaphore de la rupture, me dit on. A force d'imagerie gore et de raccourcis peu réalistes, la dite métaphore se perd au milieu de scènes crues et de grand guignolesque.
J'en resors nauséeuse, traumatisée, mais nuellement impressionée. Dommage.
Créée
le 4 août 2019
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