L’origin-story du Joker, voilà un sujet à controverse. Certains disent qu’un des charmes du Joker est le mystère qui entoure son passé, quand d’autres sont curieux de voir comment on peut raconter l’histoire du Joker. Pour ma part, j’ai suivi de loin ce film. Il ne m’intéressait pas vraiment étant donné les dernier films DC Comics sortis au cinéma. Je n’en attendais donc absolument rien. Et quelle ne fut pas ma surprise ! Le film pas encore sorti que toutes les personnes ayant assisté aux avant-premières crient au chef-d’œuvre ! Il fallait que j’aille voir ce film. J’y suis donc allé.
Magnifique, intelligent, subversif. Le film a une direction artistique tout à fait remarquable, immersive. On plonge dans les tréfonds d’un Gotham en proie à la violence et à la criminalité et divisé entre les riches et les pauvres. Véritable miroir dystopique de notre monde où règne des inégalités parfois semblables à ce qu’on peut voir dans Joker. La violence symbolique des nantis sur les pauvres est si grande qu’il ne fallait qu’un accident pour que tout tourne à la guerre civile. Joker nous parle des mesures antisociales du gouvernement pour raisons de « budget », des handicapés mal-aimés et écartés à l’asile (d’Arkham) en leur disant qu’on les soignera alors qu’on coupe les budgets de soin, des émissions télévisées ayant pour but de nous faire oublier dans quel monde vit-on ou encore le politiquement correct dans l’humour mais aussi en général. Cette violence symbolique est si forte et elle s’accroît, il en faut peu pour mettre le feu aux poudres et il ne faudra pas s’étonner que le dernier argument des plus pauvres soit la violence car pour eux elle n’est pas gratuite : ils font payer aux riches tout ce qu’on leur a pris.
Mais le génie de ce film ne s’arrête pas là car il s’agit d’un film sur un super-vilain de DC Comics et les fans et les connaisseurs attendent de retrouver un Joker qu’ils reconnaissent et les références à l’univers créé par DC Comics. Et je pense qu’on a été servi. Joaquin Phoenix nous a fait un Joker comme on n’en avait pas vu jusqu’à présent et ressemblant pourtant énormément au Joker. Que ce soit par son admiration des TV shows, son humour noir et son humour qui ne fait rigoler que lui, sa faculté à se mettre en scène ou encore son rire caractéristique. Mais les références ne s’arrêtent pas là mais je vais quand même m’arrêter pour éviter les spoilers.
Il est étonnant de constater que Todd Philipps, qui nous habitué à des comédies, se lance dans un thriller tout à fait hors du commun pour en faire un chef-d’œuvre. J’ai hâte de voir ce qu’il pourrait nous présenter plus tard dans le même registre.
Joker est splendide tant par son exécution cinématographique que par le jeu de Joaquin Phoenix ou son discours engagé qui prend un sens très particulier par rapport au monde dans lequel nous vivons. Joker est le monde secondaire nous permettant de prendre du recul sur notre monde primaire et de nous poser les bonnes questions.