Un extrait de dessin animé introduit la trame connue du Joker: celui d'un homme, Arthur Fleck, habité par une personnalité sombre, Joker, qui lui colle à la peau comme une ombre dont il ne peut se détacher. Dans cet épisode, la figure du Joker est mise à mal par deux femmes en particulier : l'avocate d'Arthur Fleck, qui plaide pour dissocier son client, malade mental, du Joker, criminel, et Lee Quinzel, qui va raviver la figure du Joker, dont elle est amoureuse.
Féminité, divertissement et chansons caractérisent ce nouveau film, porté avec brio par la Lady Gaga et Joaquin Phoenix, qui convainquent de par leur performance.
Comme pour le premier volet, le film ne tarit pas en violence: carcérale, médiatique, populaire. La caméra pose dès les premières scènes sa focale - avec un peu trop d'insistance - sur le corps décharné d'Arthur Fleck.
La plus-value du film tient dans l'arrivée de Lee, une fan également atteinte de troubles mentaux, figure de la femme fatale, l'amoureuse du Joker. Qui d'autre que Lady Gaga pour incarner le théâtral, le fantaisiste? L'amour et la folie partagés reposent sur la musique, avec des morceaux interprétés en live, pour une interprétation à fleur de peau frissonnante. Les chansons sont certes des reprises, mais la démarche n'en est pas moins louable au vue de l'interprétation brute de coffre.
Film des extrêmes, il fait alterner les scènes du procès avec celles du spectacle. Quand la réalité valse avec l'onirique et le show, créant une confusion entre le vécu et le rêve mais permettant aussi un des respirations et donnant au scénario un rythme consistant.
Le procès d'Arthur Fleck revêt le caractère d'attraction médiatique et populiste: l'homme est élevé au rang de symbole populaire des laissez pour compte de la société. Le film reste fidèle au premier opus, travaillant encore un peu plus les troubles identitaires de cet homme, abusé et violenté dans son enfance par sa mère et ses compagnons. On se souvient d'ailleurs que le premier opus avait été pris à parti par des extrémistes de droite pour justifier les violences et exactions racistes et sexistes des suprémacistes blancs.
Un film qui fait frissonner car il confirme que nous ne sommes pas différents de Lee : on s'enflamme pour le Joker - pour son arrogance, pour la performance - et on méprise Alan Fleck - pour sa banalité. Le trouble identitaire est loin d'être résolu...