Accroche : Le Joker attend son procès en prison, entre abattement, éclats de rire maniaques et mauvais traitements. Un jour, il fait la connaissance d'une femme...
Sexymètre : une scène de sexe sans nudité.
Violencomètre : plusieurs scènes violentes dont un viol.
Bechdel test (test de sexisme : il doit y avoir deux personnages de femmes, nommées, parlant ensemble d'autre chose que d'un homme): raté ! Ce film est, comme la plupart, un film d'hommes.
*********** VOUS ARRIVEZ AU PAYS JOYEUX DES SPOILERS HEUREUX *****************
Les +++ :
Les acteurs principaux sont bons, voire vraiment bons dans le cas de Joaquin Phoenix.
Il y a de belles scènes psychologiques. Le rythme laisse de la place aux personnages.
La scène de sexe est utile à l'histoire et ça, c'est tellement rare qu'il faut le souligner. Ici, cette scène livre littéralement un condensé de la dynamique relationnelle entre les deux personnages. On y voit la manipulation opérée sur Arthur par Lee, le fait que seul son personnage public de Joker l'intéresse et l'excite.
La réalisation n'est pas mal. L'ambiance est là, avec de belles lumières.
Les --- :
Le Joker a perdu sa folie. Ça parait absurde d'écrire ça tellement c'est 99% du personnage mais pourtant, tristement c'est vrai. Le scénario dépouille le personnage de tout ce qui le constitue dans le comics. Exit le Joker joyeux, dynamique, il est ici prostré, triste et vaincu. Exit le Joker qui fait peur, là il est pathétique et on en vient à le prendre en pitié. Il va jusqu'à se renier et se repentir de ses crimes. (°-O) C'est bien simple, s'il n'y avait le costume, on ne le reconnaitrait pas. Alors, pourquoi, me direz-vous, prendre un personnage et le passer à la moulinette jusqu'à ce qu'il n'en reste rien ? Pourquoi sortir du pré fleuri de l'interprétation pour aborder aux rivages désolés du saccage ? Je ne puis vous répondre mais sachez que cette pratique a le don de m'insupporter au plus haut point. Imaginez-moi, flottant dans mon innocence et ma satisfaction anticipée de voir à l'écran un de mes personnages de fiction préférés, tout cela pour voir mes attentes piétinées, empoisonnées, brûlées, décapitées et passées à la roue. C'est d'un triste.
On ne peut pas dire qu'Harley Quinn soit très reconnaissable non plus. Pas de gimmick; elle a le mauvais goût d'essayer pendant tout le film d'occulter le Joker; il est littéralement à sa botte, c'est vous dire l'absurdité du scénario. En clair, Gaga essaye de bouffer le film et il est d'avantage une vitrine de ses talents de chanteuse que d'actrice.
J'ajoute que le procès n'est pas passionnant, que la scène de viol est inutile, que l'attentat, qui ne semble même pas être motivée par l'évasion du Joker est absurde, que la fin est moche et invraisemblable et que tout ce fatras ne se raccorde même pas avec l'univers de Batman.
En conclusion :
Ai-je passé un mauvais moment? Non. Mais j'avais certaines attentes simples (respecter un minimum l’œuvre originale) qui ont été proprement éviscérées, noyées, tabassées... bref. Et, au fur et à mesure que je m'attachais au pauvre bougre dont on nous dépeint les malheurs, au fur et à mesure que j'anticipais avec tristesse son désespoir quand il réaliserait que la donzelle s'était jouée de lui, j'arrivais de moins en moins à imaginer qu'il puisse s'agir du Joker.