Jouer avec le feu s'inscrit dans la lignée, de plus en plus longue, de films qui racontent l'histoire d'une certaine jeunesse tentée par l’extrême droite et qui finit par partir à la dérive. Le plus connu étant certainement American History X de Tony Kaye réalisé il y a 20 ans déjà. Mais la France n'est pas tout en reste ces dernières années avec une poignée de réalisations telles que Chez Nous de Lucas Belvaux ou l'Atelier du regretté Laurent Cantet qui ont frappé trés fort, trés juste et en plaçant la barre trés haut pour tous ceux qui suivent derrière. Le film de Delphine et Muriel Coulin fait d'ailleurs en partie les frais de cette comparaison.


C'est donc sans surprise que leur film n'est pas tout à fait du même acabit que ceux cités plus haut. Cependant il reste intriguant, car il est cinématographiquement trés bon, tout en étant scénaristiquement assez faible. Toute la forme, à savoir la réalisation mais aussi l'interprétation, est excellente. Le rôle de Vincent Lindon lui va comme un gant mais les deux jeunes interprètes qui jouent ses fils à l'écran sont vraiment criants de vérité aussi. Et Benjamin Voisin fait forcément penser à Nicolas Devauchelle au même âge. Outre l'interprétation, les dialogues sont aussi fins, émouvants et, par ailleurs, tout à fait crédibles.


Mais alors que la forme du film est travaillée et classieuse, le fond lui est curieusement étriqué. La force de tous les films cités plus haut tenait en grande partie dans ce que les portraits de jeunes à la dérive qu'ils dressaient s'incarnaient naturellement au sein d'un histoire, voir de multiples histoires à portée plus large. C'est ce que l'on appelle généralement un contexte. Par comparaison, Jouer avec le feu est beaucoup moins étoffé. Il n'y a pas de contexte ni même vraiment d'histoire et le film se contente essentiellement de dresser un portrait d'un homme et de sa famille. Portrait qui est certes réussi et émouvant, mais peine à dépasser le stade de la description (description d'un jeune à la dérive, mais aussi de son frère et de son père, qui ne lui ressemblent évidemment en rien).


On a un peu l'impression qu'on a pris une idée forte et parfaitement dans l'air du temps, puis qu'on l'a simplement illustrée en faisant un film. Ça a beau être formellement de la belle ouvrage, la portée de son propos reste forcément un peu limitée.



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Ismael24
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le 30 janv. 2025

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