Jouer avec le feu, des sœurs Coulin, n'a rien à dire. Il ne raconte rien, sinon une famille qui n'a rien à se dire. Mais le fascisme, c'est pas une question d'enfant un peu moins aimé, ce n'est pas une question de manque de communication. Ce n'est pas une rassemblement de crâne rasés qui se tapent dessus dans un hangar abandonné. C'est déjà un peu plus une question de condamnation sociale à son statut prolétaire dans sa périphérie lorraine abandonnée.

Le scénario est mal écrit, il va de clichés en clichés, après le prodigieux exercice de vouloir éviter les clichés. Les dialogues, c'est de la théorie en conserve, que ce soit du côté de Vicent Lindon, dans son jeu monotone habituel, un Superman bien fatigué (cheminot prof de danse, kiné...) qui s'enlise dans un monologue final rempli d'un vide incroyable, ou Benjamin Voisin, qui se cantonne à des préjugés, certes un peu plus crédible pour décrire le niveau zéro d'argumentation des écervelés de l'extrême droite, ou au silence (et c'est là le meilleur du film, la force de l'acteur à faire passer sa frustration dans son jeu non verbal, y compris sa mastication de salade !). On aurait pu avoir une intrgue intéressante si l'autre fils avait davantage ouvert le conflit avec son frère au lieu de se terrer et de répéter "A quoi tu joues ?". Le fascisme n'est pas un jeu. Quant à la réalisation individualisante (très gros plans maladroits), elle est moche, les lumières sont mal gérées, les jeux de focale sont mal dosés.

Bref, Jouer avec le feu aurait pu être un film passionnant et parler de la montée du fascisme au sein d'une famille de gauche, mais le film est incroyablement vide et n'offre même pas une étincelle avec laquelle s'amuser.

Dormir_Debout
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le 24 févr. 2025

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Dormir_Debout

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