Saim Sadiq
Issu de la classe moyenne, Saim Sadiq grandit à Rawalpindi à côté du Lahore. Il complète ses études effectuées au Pakistan par une licence en anthropologie à l'université de Columbia (Etats Unis).
Attention, son film n'est pas une bluette sans consistance : on aborde des questions sérieuses, avec des réponses possibles souvent sombres, contrebalancées par des pointes d'humour et d'irrévérence. Mais cela reste un film pesant. Spectateurs trop émotifs s'abstenir.
Succès critique
C'est le premier film pakistanais à être sélectionné en compétition au Festival de Cannes, où il reçoit le prix du jury dans la catégorie "Un certain regard" (2022).
Des histoires entremêlées
Une famille patriarcale étouffante, un homme qui se perd et se trouve (un peu).
C'est l'histoire d'une femme qui perd l'homme qu'elle aime.
C'est aussi l'histoire d'un homme qui a conquis son identité de femme.
L'intérêt du film
On est dans un registre sombre, loin des fastes des comédies musicales de Bollywood.
Ce film original, et audacieux dans sa critique des pesanteurs familiales et patriarcales qui règnent au Pakistan (et souvent ailleurs), nous offre une chronique bienveillante, maladroite mais sincère. Avec élégance formelle et délicatesse de jeu, il aborde la question des identités sexuelles et l’idée de la virilité, dans un pays où l'adultère de la femme reste un crime.
Le scénario semble inutilement chargé cependant : Haider tombe amoureux ailleurs, ce qui est déjà un sujet, mais en plus d’une danseuse transsexuelle, dont il n’est pas clair s’il préfère le passé masculin et les charmes féminins.
Les personnages, incarnés par des acteurs convaincants dont on aimerait voir encore d'autres rôles, sont en demi teintes : des individus à part entière, avec leurs doutes et leurs déceptions, leurs incohérences.
Le cinéma pakistanais
Ce film pakistanais est un événement en soi : nous avons très peu de sorties en salles venant de ce pays très contraint (le Pakistan est une des quelques républiques islamiques). La précédente sortie était en 2018 le fascinant film My Pure Land, un western tendance féministe, critique brutale du patriarcat pakistanais. C'est une nouvelle fenêtre ouverte sur un pays beau, complexe, inaccessible.
Sortie compliquée au Pakistan
La sortie du film au Pakistan s'est trouvée compliquée par son interdiction par le ministère pakistanais de l'information et de la radiodiffusion. La censure a fait couper plusieurs scènes érotiques et le film est finalement sorti dans les salles pakistanaises, sauf au Penjab, où il reste interdit.