J'ai vraiment beaucoup aimé. Je suis très surpris.
Que d'intelligence dans ce film.
C'est magnifiquement bien filmé et monté, en premier lieu.
Puis, sur le fond, que dire. Faire un thriller avec rembobinage de scène de crime mais ne pas en faire une finalité (coucou Fincher), merci quoi. Mettre ça au service d'un démêlé politique où l'irréconciliable prend la forme d'un duel dont on se rend compte que l'intervention de tiers emporte des conséquences encore plus lourdes, crispe, tend, pèse.
La vérité à quel prix, s'immiscer là où il ne faut pas, accepter ou non les grands compromis, les discours officiels, l'honneur : des sujets magnifiquement abordés et qui ne concernent pas seulement le Nord et le Sud mais... les trois camps, oserais-je compter.
Park pond un film tout en finesse en usant de caricatures pleine vitesse, c'est exceptionnel : les Américains en pleine visite de tourisme, la photographie souvenir, l'officier suisse neutre, les soldats de l'ONU qui font leur sport comme des dératés avec leur étendard, etc.
Un film plein « d'humanité », ai-je souvent lu. Bien sûr. Mais surtout, à mon sens, un rappel du besoin d'humilité. D'humilité dans nos réactions en tant qu'auditeurs de la guerre crampés derrière nos postes de radio à écouter les nouvelles des pays étrangers, « loin de chez nous ». À se demander si les forces en présence dans un conflit armé n'en ont parfois pas plus que nous ne pouvons en avoir branchés derrière franceinfo. Et je dis ça loin d'être engagé chez Amnesty International mais le film était si bon que ça secoue forcément un peu à chaud.
Et ce poste de garde, il me paraissait si réel, ces scènes entre « amis » si réelles...
Mention spéciale à l'utilisation de l'appareil photo, très beau, et plus généralement à la musique dans le film : la classe.
Je terminerai par un plan que j'ai trouvé absolument magnifique et qui me semble être une excellente synthèse de ce qui devient, sans nul doute, mon film coréen préféré vu :
Fumer fait rappliquer l'ONU