JSA - Joint Security Area par Kalian
Park Chan-Wook et moi, on était parti du mauvais pied. Je n'ai pas honte d'avouer que son Old Boy ne m'avait inspiré qu'indifférence tant je l'ai trouvé vain, fatigant, outrancier et prétentieux. Autant dire que j'ai lancé ce film avec une dose d'appréhension aussi élevée que mon taux d'alcoolémie un soir de nouvel an.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir derrière une trame d'ensemble somme toute classique, sorte de Rashômon militaro-politique (un crime, plusieurs versions contradictoires, une vérité complexe), une fable à la fois légère et grave sur l'amitié et la loyauté contrariées par la guerre, les institutions et les affrontements idéologiques déshumanisants.
Je me suis attaché progressivement à des personnages bien écrits et merveilleusement incarnés, j'ai ri, espéré et souffert avec eux, je me suis laissé emporter par la poésie ordinaire de leur fraternisation, pour finalement être assommé par un dénouement pourtant inéluctable.
Quant à la narration, éclatée en multiples flash-backs, j'ai trouvé qu'elle servait pour une fois aussi bien le rythme que la dramatisation.
Pour toutes ces raisons, qui font que cette œuvre représente pour moi un coup de cœur aussi inattendu qu'apprécié, je suis prêt à oublier des défauts qui pourraient attrister certains : l'enquêtrice sous-exploitée, la réalisation et ses quelques effets de style inutiles, certaines scènes peut-être un peu grossières, un propos entendu et légèrement mièvre.
D'où une note qui pourra paraître généreuse, mais qui correspond bien à mon ressenti.
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