Veste en cuir, poing levé, béret sur la tête, arme à la main, c'est un Black Panther, aucun doute. Et pourtant ce ne sont ni ses frères, ni ses sœurs, que LaKeith Stanfield incarne ici avec talent. Dans le rôle de Bill O'neal, aucune fausse note, un personnage complexe, qui oublie bien trop souvent ses chants qui ne lui sont pas familier. Un combat qui ne le concerne pas. Si peu de lui se déplace pour les rejoindre, plutôt un sourire, préférant la couleur des billets vert, ces belles caisses, jolie sape. Un opportuniste fourbe, petit délinquant, qu'on menace de prison, devenu cet informateur pour le compte du FBI, auprès de l'Agent Roy Mitchell ( Jesse Plemons). Qu'il interprète avec conviction, et qui lui propose de croire en cet horizon, dont rêvait Martin Luther King, Mohamed Ali, Malcolm X, et Fred Hampton ( David Kaluuya). Ces piliers de lumière, unis dans la Paix ou la Lutte par cette même conscience politique, qu'il fallait abattre, et dont ils n'avaient jamais cesser de croire. Ce rêve qui rapproche, une distance qui s'efface, ces couleurs qui s'unissent, un autre monde, celui de l'égalité.
C'est un Bon film qui s'inspire d'évènement réels et qui intrigue par un récit captivant, toujours bien rythmé, qui génère un discours critique sur la liberté, les droits de l'homme, et l'égalité dans la lutte armée. Que Bill O'neal, Roy Mitchell et Fred Hampton élèvent à chaque scènes. Une performance d'acteur que le réalisateur Shaka King cherche aussi à concentrer par ces mots qui combattent et qui rassemblent, lorsqu'ils essaient de toucher droit au cœur ces esprits révolutionnaires, étrangers d'un pays qui les a vus naître. Fatigués d'avoir tant attendu de se voir mourir, n'être qu'une cible, un danger permanent.
Mais néanmoins cette histoire ne nous parle pas seulement de ce mouvement, cette milice armée, ou cette trahison, mais aussi des droits de tous, blanc, noir, latino. Ces laissés-pour-compte, cette même condition humaine, que l'Amérique ne veux pas voir. Des villes qui résonnent encore aujourd'hui, et qui ont parfois des allures de Tiers Monde. Que Fred Hampton montre là par des actes qu'il veut faire vivre, dans la solidarité, une économie de l'entraide, un combat contre le racisme. Une paix pour plus de justice et moins d'État qui divise, qui manipule et qui exclut. Un homme et ses failles qui ne cherche pas à être un super héros.
C'est alors ce Judas et ce sentiment d'être égaux qui s'enfuit. Son ombre qui se décompose par peur d'être un jour démasqué et se voir brûler vif. Quand apparaissent ses fantômes qui le réveille dans la nuit, une réalité qui le rattrape, qu'il n'a jamais quittée. Pour qui il ne reste que ces gestes sans échappatoires, ces mauvaises actions, cette ambiguïté dans la trahison. Une colère qu'il s'est vu jouer, qu'il a doucement envahie, pour devenir ce militant, l'espace d'un moment, le temps d'un mensonge. Y croire, sans jamais vraiment savoir, maintenant qu'il comprend que ce chantage lui demande de fuir, partir, et voir ce Black Messiah ne jamais atteindre l'espoir. Se vent de liberté, ses pas qui se sont arrêtés dans une envolée pleine de lyrisme. Un cri de désespoir, et le souvenir d'une mémoire. Deux hommes, deux destins, mais aussi deux victimes d'un même système inégalitaire qui oppresse, et que semble dénoncer avec justesse le réalisateur. Qu'il met notamment en lumière dans ce film, avec un LaKeith Stanfield qui ne sort jamais de cette obscurité, avec une interview à la fin, et un homme qui revient sur cette histoire, cette autre vérité.