Judy présente tous les signes distinctifs du film à Oscars, ce qui le rend paradoxalement moins charmant à aborder. Une actrice de légende, un destin dilapidé par l'alcool, les médicaments et la dépression, une interprète (Renée Zellweger) qui tente son comeback...Tout ça parait trop évident, trop calculé.
À l'arrivée, le film me donne à moitié tort. Sur le fond, Rupert Goold comprend la tragédie de ces chairs à spectacle, qui ont passé leurs vies à bâtir une illusion qu'importe si cette illusion devait démolir leurs vies. Derrière l'icône, une adolescente bousillée par les tournages et les commentaires méprisants à son endroit. Derrière la légende de strass et de paillettes, la triste histoire d'une femme qui veut être aimée (de nouveau).
Quand il aborde ces points-là, Judy atteint le cœur émotionnel derrière Garland. Le problème, c'est qu'il bat de manière irrégulière.
Le reste du long-métrage ne sait pas trop sur quel pied danser : la vie familiale dissolue, les mariages ratés, les show musicaux inégaux. Finalement, aucun de ces points n'apportent d'éléments forts à l'intrigue. Tout semble expédié comme des passages obligatoires, et n'impulsent pas grand chose à ces deux heures de projection.
Seule l'amitié entre Judy et deux fans offrent au film ses moments le plus tendres, justement parce que cette direction dévie de la trajectoire habituelle. Et touche par sa simplicité, notamment dans son final. Puis, c'est incontestable, la performance de Renée Zellweger aide à conserver l'attention.
Le bilan est donc mitigé puisque Judy a conscience de son potentiel mais n'en utilise que la moitié. Il n'est donc pas surprenant qu'il se révèle à moitié convaincant.