Académique mais plein de charme, Judy compense le classicisme de son écriture par l’esprit dont fait preuve son héroïne et sa joyeuse répartie. Calibré pour les oscars, ce biopic dans la pure tradition hollywoodienne est magistralement porté par Renée Zellweger qui n’a pas volé sa statuette. Elle incarne l’icône avec passion et se transcende dès qu’il s’agit de traduire la relation compliquée qu’elle entretenait avec son public.
A la fois tendre et cruel, Judy donne un aperçu, bref mais éloquent, de l’envers du décor de la machine à rêves qu’est Hollywood. Le film raconte le crépuscule d’une étoile broyée par le système, dont le destin tragique ressemble à celui de beaucoup d’enfants stars. Rendue toxicomane par un studio qui la gavait de pilules pour être en forme et tenir le rythme et la ligne, la jeune actrice est entrée dans l’âge adulte sans avoir eu d’enfance et déjà dépendante.
Ce que le biopic de Rupert Goold essaie de capturer en racontant les derniers mois de l’icône, c’est aussi cette relation d’amour/haine/indifférence de la star avec ses fans. Difficile de ne pas y voir un parallèle avec ce que Zellweger a dû affronter après sa traversée du désert post-Bridget Jones. Les regards moqueurs d’un public qui ne la reconnait plus, les rôles qui se font rares… Judy est aussi une belle revanche pour elle.