Jules et Jim caractérise à merveille le cinéma de François Truffaut.
Un trio de personnages complexe, des dialogues presque théâtraux et des expérimentations techniques en pleine Nouvelle Vague. La structure du film est très intéressante, alors qu'il semble au début se diriger vers la comédie romantique, aux dialogues et situations très gentilles voire naïves, l'atmosphère change radicalement lorsque la Guerre survient. Alors, le trio est divisé : alors que l'un se retrouve seul, l'autre se perd dans ses désirs matériels et charnels, puis la dernière est devenue manipulatrice, presque qu'égoïste avec ses sentiments.
L'issue du film est ainsi la conséquence inévitable d'une amitié et de romances impossibles, chaque personnage semble prisonnier de sa cellule, et malgré les tentatives d'en réchapper, c'est un fait, ils ne se connaissent plus assez pour arranger les choses. La voix-off surlignant les scènes du film confère un caractère littéraire à l'œuvre, ce qui n'est pas anodin puisque l'œuvre en elle-même est l'adaptation du roman d'Henri-Pierre Roché. L'écriture est ici le moyen d'exprimer l'insoupçonné et le ressenti par la lettre notamment. Enfin, le titre original chanté par Jeanne Moreau et repris à la fin du film, permet d'éviter le surplus d'émotions, mais rappelle qu'ils ont tous les trois étaient heureux un jour, avant le drame.
Un excellent film, témoignant encore du grand savoir-faire de son réalisateur.
Micro-critique rédigée en 2021.