C’est à travers le regard du réalisateur Joachim Trier que l’on suit Julie et douze chapitres de sa vie.
Le regard posé par le réalisateur sur sa protagoniste est extrêmement pertinent. A travers les mots que Julie prononce, ses gestes, ses impulsions, ses envies de vivre passionnément, ce film est un élan vers le bonheur.
C’est la construction de cette jeune femme que le réalisateur nous donne à voir, sautant d’une passion à l’autre avec conviction. Exercice de la liberté, dans un monde où Julie ne parvient pas à trouver une place et se sent comme “spectatrice” de sa propre vie. Révélateur d’une génération et des difficultés de la jeunesse à trouver le sens et une direction à sa vie. Le lien avec les autres, les relations avec les membres de sa famille, les malaises générationnels, la difficulté de faire face et d’assumer qui nous sommes et ce que nous voulons.
Des scènes sont particulièrement évocatrices et ponctuent la recherche de sens de Julie, l’apprentissage de la liberté, le flirt avec l’adultère, la mise sur pause de la ville pour s’adonner à ses fantasmes le temps d’un instant, la prise de champignons hallucinogènes ouvrant différentes perceptions de sa propre vie. Les scènes sont bien ficelées et la caméra accompagne Julie avec un regard juste en poursuivant ses aspirations. La voix off très présente, permet la narration distante couplée à la fragmentation en douze chapitres. Elle précise et appuie le recul de Julie sur ses propres agissements et le constat de ne pas être elle-même, la déception de “ne jamais aller au bout des choses”, d’être en dehors du cadre, de ne pas évoluer comme les autres.
La complexité des relations amoureuses, de couple sont décryptées simplement avec une profonde justesse. La beauté des plans, les sujets abordés, le regard porté sur la maternité et les questionnements de Julie à propos de sa propre direction de vie sont très intéressants car c’est un homme qui réalise. C’est d’autant plus appréciable de voir la pertinence de la manière dont il évoque des sujets pourtant universels, mais trop souvent considérés comme intéressant seulement les femmes. Ici, le spectateur s’identifie, et se reconnaît dans les virevoltés de Julie.
Ode à la vie, ce film démontre que le chemin peut être différent et les choix ne s’imposent pas à nous. Le bonheur se trouve dans les petites choses et dans la capacité à être prêt à être soi-même. Féministe, emplein de justesse, réalisé avec clarté et cohérence. Je me suis sentie Julie.