King Julien
Après l'excellente surprise que fut Gummo, je continu ma lancé avec le deuxième film du bien barge Harmony Korine, cette fois le jeune homme se frotte au Dogme 95 créé par les danois Lars Von Trier...
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le 25 juil. 2015
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S'il est une chose toujours payante dans un film, c'est de laisser l'imagination du spectateur libre de se faufiler, soit dans les ellipses, soit dans une profondeur de champ, soit autrement, mais laisser au spectateur donner une forme à ce qu'on lui offre, aussi généreux soit-il, et même si l'opération peut s'avérer passionnante ici ou là, me semble un pas à ne pas franchir - quand bien même et surtout si l'on se veut expérimental. Il n'est sans doute pas un hasard de ce point de vue que le film se termine par l'image d'un enfant mort-né, être qui n'a pas trouvé de forme, dans les bras d'un père incestueux, lui-même happé par son désir de retrouver ce stade de l'avant-naissance. J'ai d'ailleurs cru que le parricide serait la solution adoptée scénaristiquement... Tuer Herzog m'aurait semblé une solution beaucoup plus saine pour Korine... Trêve de plaisanterie, je ne dis pas que cela aurait obligé Julien Donkey-Boy (le film) à se trouver une forme. Toutes les fins au cinéma (et ailleurs) sont égales devant Dieu et les spectateurs, mais certainement pas tous les moyens, aussi fascinants soient-ils.
En peinture (ou en cuisine), je dirais que Korine n'a pas trouvé le liant qui puisse faire tenir tout ce qui traverse le film : le document et sa matière, la fiction et sa matière, le cinéma sous hypnose expérimental et sa manière, le clip et ce avec des styles de montage ou mise en scène différents. L'abandon d'une vraie progression dramatique y est aussi sans doute pour beaucoup dans ce sentiment d'informe, laissant au film la virtuosité, l'hypnose éventuelle ou le choc de l'étonnement pour nous maintenir en éveil et nous conduire jusqu'à la fin. Et la matière même du film, cette religiosité pervertie par un père ou une idéologie de la réussite devenant souvent pure anecdote ou effet, sans le sentiment d'une justesse permanente en tout cas.
Ceci étant dit, Julien Donkey-boy, remuant tellement de poussières en l'air, il sera peut-être bon de laisser le temps dire ce qui se redéposera sur la mémoire.
[Revu le 30.09.2015 : revu pour en voir le cœur net. Un grand creux après 30 ou 40 minutes plutôt très intéressantes, le récit est totalement négligé et la mise en scène, qui est en fait une captation d'une mise en situation des acteurs, à vouloir prendre sur le fait, ne se soucie d'aucun dynamisme qui amènerait d'un point à un autre (quelques exceptions tout de même). Du coup, le montage est 'obligé', même avec de belles trouvailles, de pallier à ce creux par un traitement nerveux (en apparence). Il n'en reste pas moins que le film donne d'un monde psychotique un aperçu souvent émouvant - et c'était sans doute la motivation première de Harmony Korine, donc qu'il soit jugé là-dessus avant tout - mais mon impression première de moments de bravoure qui n'arrivent pas à se donner la main reste entière.]
Créée
le 26 sept. 2015
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