En mode Ozu et Hou Hsiao-Hsien, Almodovar (qui au générique ne s'appelle même plus Pedro) réalise un film tout en langueur et non en longueur, même si, une impression de cette dernière prend place dans les première quarante minutes du film ou il met, justement, les choses en place. Passage nécessaire ? Peut-être. Déséquilibre manifeste entre le premier tiers du film et les deux suivants ? Assurément. Alors que se passe t-il lorsque la machine est lancée ? Une étude de mœurs se développe, traitée d'étrange et intéressante manière. L'histoire est racontée et montée tel un polar, un film de Chabrol ou d'Hitchcok. Les informations sont distillées petit à petit, l'utilisation des flash backs est sporadique mais révélatrice, les effets de mise en scène sont gérés et délicats comme le changement de visage de Julieta.
Il y a un peu trop de belles femmes dans tous les rôles et il y a un moment on se croirait dans un James Bond. Ce qui ne serait pas dérangeant si le film ne jouait pas en partie la carte du réalisme. Au fond cela va de paire avec le côté très appuyé de certaines images du film, typique du cinéma espagnole qui est souvent très explicite. L'ambiance de ce long métrage faisant plus penser à une œuvre nordique ou extrême orientale, il y a une sorte de décalage culturel dans le forme. D'un autre côté on pourra opposer que cela donne son originalité au film. Le seul point vraiment ennuyeux du film étant la musique qui sonne comme du sous Erik Satie et qui fait soupirer à chaque retour de sa mélodie simpliste.
On aura aussi un autre regard sur le film si on connait, si on a vécu, en partie ou totalement, la problématique dont le film traite, à savoir la relation parent-enfant et surtout les cycles de répétitions familiaux. Chaque personnage, chaque femme de la même famille plus spécifiquement, reproduit les conditions de sa misère. L'enjeu profond presque invisible au première abord du film devient au final : Julieta brisera t-elle les rouages d'un destin qui semble héréditaire ?