En sortant ce soir du cinéma, juste après avoir assisté, délicieusement frustré, à la fin de Julieta, et en me retrouvant de ce fait sur une place pavée tout juste illuminée par la lumière jaune de quelques lampadaires, qui, non contente de donner à l'herbe un vert irréel qu'on ne penserait trouver qu'en Îlyanie, éclatait encore au sol au rythme des gouttes de cette pluie enchanteresse en océan mouvant d'étoiles, je me sentis envahi par un sentiment étrange de calme béatitude et de lucidité, d'apaisement trouble à ma tristesse récente. Ce paysage irréel, coulant comme une rivière, éveilla en moi le besoin de former quelques phrases disparates et bien trop longues, pour sublimer encore en moi cette vue. Des phrases qui commenceraient par quelque chose comme: "En sortant du cinéma ce soir, je me trouvais sur une place pavée où..." Et au fil desquelles je découvrirais ce que Julieta avait fait vibrer en moi, à travers l'histoire d'une (mais finalement sans doute de toutes) mère qui perd son enfant. A savoir cet étrange et inquiétant sentiment de manque, manque de quelque chose ou de quelqu'un, qui associé à cette impression d'avoir à la fois déjà trop mais pas encore assez vécu, produit tristesse et découragement, et me laisse le soir rêvant à la mort tout en sachant que rien ne pourrait me faire abandonner la vie.
Je craignais un peu Almodovar, dont c'est le premier film que je vois. Julieta m'a touché, je (mes larmes) coule.