Si on veut comprendre les intentions d’un artiste derrière son œuvre, il faut la mettre dans le con-texte de l’époque où elle a été créée. Juliette des esprits est sortie au milieu des années 60 alors que la société judéo-chrétienne était en pleine éruption. Les éclaboussures de la révolution des mœurs se faisait sentir partout où le clergé s’était assis trop longtemps sur le couvercle de la marmite. L’univers fellinien est probablement celui qui a le mieux évoqué cinématographiquement cet état de fait. Giulietta est le fruit de cette éducation qui laissait poindre les flammes de l’enfer si tu dérogeais de la bonne conduite. Une bonne épouse jure fidélité à son mari pour l’éternité. Lorsque celui-ci faillit à son engagement en butinant d’une fleur à l’autre la femme, doit-elle par vengeance explorer les plaisirs extraconjugaux ? C’est ce à quoi fait face Giulietta après que son macho de Giorgio se soit vendu en prononçant le nom de son amante dans son sommeil. Son entourage va tout faire pour l’inciter à plonger dans le jardin des délices, mais en vain. Personne ne pourra parvenir faire dépasser le jupon à ce merveilleux bout de femme interprété par Giulietta Masina, épouse du réalisateur pas reconnu pour garder ses mains dans ses poches. Tous les sentiments passent dans le regard et le sourire de cette actrice exceptionnelle. Pour le reste, l’univers fantasmagorique du cinéaste est poussé à son maximum au point de s’émouvoir en cours de route pour le décorateur et l’accessoiriste. Une autre pierre à cette filmographie monumentale.