Qu'est-ce que la nostalgie et pourquoi c'est de la merde (métacritique)

OHNON ! ENCORE UNE SUITE QUI VA VIOLER MON ENFANCE.

Spoiler alerte : ton enfance est gravée dans le marbre, rien de ce qui est fait aujourd'hui ne pourra la ternir alors arrête de faire ton calimero.

C'est pas la première fois que j'en parle mais à mesure que je grandis, je découvre un truc dont je connaissais l'existence mais par l'expérience : la nostalgie d'une génération. Ce moment moche, inutile et nuisible où tout le monde se range derrière une maxisme vieille comme socrate selon laquelle "c'était mieux avant".

Alors, pourquoi sommes-nous nostalgique ?
Je vais pas vous faire un cours de trois cents pages parce que c'est une processus très simple. On expérimente moins de premières fois, on a plus de mal à rêver, ce qu'on regarde fait vite écho à un souvenir. En tant que spectateur, nous sommes parasités par notre passé. Un cliché n'est un cliché que parce qu'on l'a vu 100 fois et on l'a vu 100 fois parce qu'on a vu plusieurs centaines de films, après tout.

Nous sommes nostalgique d'une époque d'innocence où presque tout arrivait à nous faire vibrer tant nous étions des éponges, des feuilles vierges. Ces expériences cinématographiques de notre enfance sont propres à cet âge et ne peuvent revenir à l'âge adulte, ou pas d'une façon si pure et brute. Nous sommes nostalgiques parce que nous regrettons l'enfance que nous étions.
Et puisque le cerveau est bien fait, il redécoupe les souvenirs pour augmenter un sentiment. Autrement dit, l'exaltation en regardant tel ou tel film sera multiplié à mesure que le temps passe et ne reflétera même plus la réalité de l'époque. Par exemple, on se souvient des jeux de notre enfance avec plaisir mais pas de la douleur des morts à répétitions, des heures passées à faire le même niveau en boucle pour farm et xp. On se souvient du gâteau de notre grand-mère comme d'un goût sacré alors que la première recette marmiton est meilleure, gustativement parlant. C'est les joies du temps qui passe.

J'ai découvert Jumanji enfant grâce au dessin animé et le film bien plus tard. Il n'est pas mauvais, au contraire, c'est toujours un plaisir de le voir passer à la télé de temps en temps. Mais il est pas fou non plus, il faut arrêter. Je ne parle pas de la qualité de l'image ou des effets spéciaux, le concept même, la réalisation, le scénario. l'ensemble est bon mais loin de tenir du génie. Je serais curieuse d'avoir l'avis des adultes contemporains de sa sortie. Je les imagine sortir du cinéma satisfait et, pourtant, incapable d'en donner le titre un an plus tard. Eux n'ont pas porté ce film dans leur coeur parce que la place était prise par autre chose. Spartacus, peut-être, qu'en sais-je ?

Pourquoi la nostalgie c'est caca ?
La nostalgie, en soi, c'est seulement se souvenir de l'enfant que nous étions. Mais souvent il devient aussi un frein. Un regard tourné vers l'arrière et non plus vers l'avant ou le présent. Beaucoup de gens se plaignent des suites parce qu'elles sont "dispensables". C'est un argument que j'entends et qui ne sort pas de nulle part, certes. Toutefois, il reste dénué de logique à mes yeux.
Personne né après 1990 ne connaîtrait Star Wars sans la prélogie tant détestée.
Il y a pas longtemps, je me suis fait la réflexion vis à vis de la licence Zelda. On a tous un préféré et c'est le premier auquel on a joué. Indépendamment de savoir lequel est vraiment le meilleur, ce qui compte c'est d'avoir eu une perche pour découvrir l'univers.

Parce que l'histoire culturelle fonctionne comme ça. Dans la littérature, la réécriture est bien mieux acceptée parce que le média est plus vieux. Qui connaîtrait l'histoire du corbeau et du renard sans la réécriture de La Fontaine ? Ou celle d'Esope avant lui ?
Les suites "inutiles" servent à la fois d'hommage, de réécriture, de modernisation d'un conte et de transmission. Les jeunes qui vont découvrirent Jumanji grâce à ce film seront plus susceptibles de voir le premier et, peut-être, de l'apprécier s'il a su être intemporel.

Le truc tout bête que beaucoup semblent oublier, c'est que, nous, génération 80-90, ne sommes pas le public cible de ces films. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut plus les comprendre, ça ne veut pas dire qu'il faut les aimer d'office. Par contre, il serait mature de fermer la porte à sa nostalgie pour regarder les deux films d'un regard adulte, avec un peu de distance.