Retour à Isla Roublard

J'en attendais pas forcément beaucoup.
Les différentes bandes-annonces et le matraquage publicitaire ne m'inspiraient pas confiance même. J'y suis donc allé à tâtons, sur mes gardes, presque désintéressé, mais quelque part, désireux quand même d'écarquiller encore une fois les yeux devant les idoles de mon enfance.

Du coup, la déception est amortie, mais merde, qu'il est loin le temps du verre d'eau troublé par la marche du T-Rex !

C'est d'autant plus dommage que le film partait selon moi du bon postulat. L'île est enfin « opérationnelle », et de manière quasiment industrielle, divertit les touristes agglutinés en masse derrière les vitres des cages High-tech. Après le premier film sur une île en construction et les deux suivants sur une île régie par les dinosaures, il fallait logiquement passer un cap. Exposer dès le début un parc tournant à plein régime aurait pu permettre de nouvelle idées, mais non, Jurassic World ne fait que grassement pomper sans originalité la substance des films précédents. Et il est bien là le problème ...

Jurassic World est symptomatique de l'état actuel des blockbusters. On prend une glorieuse franchise, dont on connaît évidemment la valeur marchande, et on l'exploite jusqu'à plus soif. A la limite, le principe même de déterrer d'anciennes licences ne me dérange pas, mais alors il faut présenter quelque chose de neuf, développer un nouveau pan à l'histoire, ou du moins, faire preuve d'un minimum de subtilité; Ce que Jurassic World avec ses lourdes pattes ne parvient jamais à montrer.

La lourdeur est la définition même de ce film. Les dialogues sont indigents et les personnages caricaturaux à l'excès. La grande force du premier film était de marcher sur tous les tableaux. On avait de l'aventure, de l'action, du frisson, de la fascination mais aussi de l'humour bordel ! Ian Malcolm, la fameuse star du rock, était franchement désopilant ! Ses répliques sont désormais toutes cultes d'ailleurs. Sans trop m'avancer, je pense pouvoir dire qu'aucunes des phrases de Jurassic World ne passera à la postérité ...

Mais le plus agaçant pour moi fut cette manière grossière de frotter le fan de Jurassic Park dans le sens du poil, ou de la plume, on ne sait plus trop d'ailleurs ...
Mais bref, on a dépassé le stade du clin d'œil à ce niveau-là. Ici c'est, on prend ta tête et on te gueule bien fort dans l'oreille : « TA VU HEIN ! TU RECONNAIS HEIN ? JURASSIC PARK MON GARS ! DRÔLE NAN !!!??? » ...
C'est consternant et je n'y vois rien d'autre qu'un profond mépris pour le spectateur.

La nouvelle tendance aussi des Blockbusters contemporains est de saupoudrer le tout, d'une couche de cynisme et de second degré, histoire, croient-ils bêtement, que tu avaleras encore mieux la pilule. Alors, parfois ça marche comme dans Les Gardiens de la Galaxie ou dans une moindre mesure Kingsman. Mais ici cette pseudo dénonciation de la surenchère dans les films d'actions est vraiment ridicule. Ce n'est pas parce que tu balances un «  Pepsisaure » ou une autre connerie du genre, que tu critiques quelque choses. De nouveau, ils t'enfoncent le mégaphone dans l'oreille. La lourdeur je vous dis, la lourdeur ...

Et cette manie qu'ils ont de te rajouter un méchant aussi, les dinosaures ne suffisaient pas peut-être !? Non, il se sentent obligés de rameuter en plus une caricature de militaire à l'écran, écrit à la truelle, pour rajouter de la tension à la situation. Grotesque ...

Bref, je suis légèrement remonté mais cette saga ne méritait pas une suite aussi dégueulasse. C'est loupé à tous les étages. Et ce final m'sieurs, dames ! Ce final ! Apothéose navrante d'un pauvre spectacle sans inspiration.

Mais essayons de prendre du recul 2 minutes. Peut-être que les gosses d'aujourd'hui sont émerveillé devant ça après tout. Pourquoi l'industrie hollywoodienne se ferait chier à innover, si bêtement réchauffer un hit du passé déplace les foules en masse ?

Reste que j'aurais aimé que la petite tête blonde encore en moi ne soit pas prise pour un imbécile. J'aurais aimé retrouver l'espace d'un instant, ce formidable sentiment d'attraction-répulsion pour ces monstres du passé. Non, le film a balayé, sans sourciller, mes maigres attentes ...

Car bienvenue dans le parc de la froideur et du désenchantement,

WELCOME TO JURASSIC WORLD !