La Planète des [Dinosaures] : L’Affrontement !

30 ans après l'insatisfaisant Mad Max : Beyond Thunderdome, George Miller revient frénétiquement sur sa saga avec Mad Max : Fury Road [X] ...
[Oups, excusez-moi, on rembobine et on recommence !]


14 ans après l’insatisfaisant Jurassic Park III, la franchise préhistorique initié en 1993 par Steven Spielberg et qui a marqué bon nombre de spectateur à l'époque, revient dans les salles obscures du monde entier avec Jurassic World confié et réalisé cette fois-ci entre les mains de Colin Trevorrow. Jeune réalisateur avec un seul long-métrage à son actif et qui n'était pas le candidat le mieux placé pour le réaliser d’autant plus que notre scepticisme s’est fait grandement sentir lorsque les premières images ont circulés.


Mais après visionnage, il est clair que notre appréhension s’est estompé pour laisser place à une appréciation à la fois positif et négatif. À vrai dire, il m’est très difficile là, comme certain d’entre vous, d'accorder du crédit sur toutes les coutures et de défendre tous les aspects de façon linéaire envers ce nouveau long-métrage qui essaye tant bien que mal de surfer lui aussi sur un passé cinématographique d’antan. Mais il est tout aussi difficile de le critiquer négativement tant il est complexe de ne pas ressortir toute les scènes du film (et donc de spoiler) pour le fusiller.


À titre liminaire, Jurassic World raconte une histoire reflétant irréversiblement les choix qui ont été faite de la part des 4 scénaristes : Colin Trevorrow & Derek Connolly ainsi que Rick Jaffa & Amanda Silver. Un éventail d’idées à la fois plaisant et déplaisant, où cette antinomie s’inscrit dans la forme et dans le fond de ce long-métrage qu’on décrira successivement ici.



  • Les scénaristes savent très bien qu’ils ne peuvent en aucune façon réitérée le chef d’œuvre du premier Jurassic Park qui a réussi à insuffler une critique par rapport à la relation entre l’homme et son environnement et notamment son obstination à avoir la main mise sur la nature et sur son propre habitat. Ou même de la dénonciation claire et nette de l’exploitation des dinosaures dans The Lost World: Jurassic Park faisant un parallèle en dehors du champ cinématographique. C’est dans ce sens, et ce postulat de base, que les scénaristes de ce nouvel opus en profitent pour renverser ce leitmotiv et donc de mettre en en évidence, cette maitrise et cette exploitation économique dont le but est de faire un maximum de profit dans ce monde capitaliste et … [bon je vais éviter de faire un cours d’éco] … et de successivement mettre en lumière le constat que l’on peut se faire au niveau du paysage cinématographique moderne. "Les dinosaures fascinent toujours mais plus autant qu'avant" dans le film. Signification : "Les blockbusters prémâchés n’épatent plus autant qu’avant les spectateurs" en dehors du film.


Ceci est très bien observé au début de Jurassic World qui plante le décor de façon magistral, jouant donc sur la corde de la nostalgie du divertissement d’un ancien temps et ce, sans en faire trop par le biais de petits clins d’œil amusants. Notamment grâce à un exercice filmique s’inscrivant dans la continuité du style de Steven Spielberg tout en étant affermi et accompagné par la composition musicale de Michael Giacchino reprenant de façon habile, le célèbre thème de John Williams (comme il a pu le faire avec le thème de Mission Impossible composé par Lalo Schifrin). Et c’est dans ce sens, que la première heure du film montre toutes ses grandes qualités à travers une direction artistique phénoménale, pleine de détails et d’imagination à travers un parc zoo-préhistorique opérationnel et surtout fonctionnel. Nous faisant subitement émerveiller et penser que l’île d'Isla Nublar pourrait être un véritable parc d’attractions crédible et sensationnel, où la concurrence serait rude pour Disneyland. [Oui, je suis près à payer une somme conséquente pour y aller et donc contribuer indirectement au rapport investissement/rentabilité du rachat de la société biotechnologie InGen par le milliardaire Simon Masrani et même si hypothétiquement je vais y laisser ma peau là-bas].



  • Cette parenthèse étant faite, tout porte à croire que c’est le réalisateur qui a écrit la mise en abîme de Jurassic World, avant d’apercevoir que les idées scénaristiques faisant avancer l’intrigue se retrouve mise à mal tant au niveau de leur introduction scriptural, que leur transposition à l’écran. C’est comme si on avait passé le relais à quelqu’un d’autre au niveau du scénario ou que chacun des scénaristes se sont partagés l’écriture de chaque partie du film. Ce que je veux dire par là, c’est que plus l’histoire et les péripéties fatidiques avance et se prolonge, plus les incohérences se présentent et sont omniprésentes alors que les idées initiales pouvaient être louable au départ. En ce sens et sans spoiler, on a l’impression que les scénaristes Rick Jaffa & Amanda Silver ont travaillés la deuxième moitié du film tout en posant les bases pleines d’inventivités (le dinosaure génétiquement modifié et l’idée du dressage des vélociraptors). En effet, de manière non véridique, on peut citer le travail de ces deux scénaristes au niveau de l’écriture de La Planète des Singes : Les Origines et L' Affrontement mais sans en faire une possible comparaison qualitative avec Jurassic World. Car, involontairement ou non, on aperçoit l’idée inspirationniste de cette humanisation (ou de leur intelligence ultra-développée) beaucoup, beaucoup trop présente à travers les dinosaures déclenchant ainsi des confusions, des absurdités et des illogismes contextuels au niveau du long-métrage.


C’est à ce moment précis que cette œuvre cinématographique montre toute ses faiblesses tout comme son réalisateur, Colin Trevorrow qui ne peut que nous décevoir successivement où le film défile et notamment à travers sa réalisation puisque il vient renforcer ces moments absurdes à travers sa caméra filmique. D’autant plus, qu’il n’arrive plus à trouver ce juste milieu qu’il a très bien géré au départ dans sa mise en scène. C'est à dire qu’à la deuxième moitié du film, et avec un peu de recul, on remarque que les références ne sont pas plus nombreuses, elles se font surtout moins subtile et vient carrément tirer et régurgiter de la plus mauvaise des manières possibles, certaines scènes cultes du premier film.
Il y’a des scènes irritantes et irrévérencieuses qui évoquent certains plans scéniques qu’à réalisé Steven Spielberg au lieu d’innover et de présenter de nouvelles scènes marquantes. Et ceci est très symptomatique de la facilité qu’entreprend Jurassic World à l’ère du tout numérique. En 1993, les dinosaures étaient créés et confectionnés en animatronique par Stan Winston et qu’en conséquence, l’équipe du film s’efforçait à s’appliquer et à détailler les éléments intrinsèques d’une scène et de ne pas se focaliser absolument et uniquement sur la conception des dinosaures. Et pour renforcer cette idée on peut paraphraser et décortiquer la réplique de Ian Malcolm dans The Lost World: Jurassic Park : « Oh oui. Ouh ! Ah ! Ca commence toujours comme ça. (C’est agréablement bien maitrisé dans Jurassic World). Et puis après il y’a des sauve-qui-peut et des hurlements » (Aucune scène réalisé par Colin Trevorrow vient prédisposer agréablement à ce postulat). J’ai bien envie de vous parler de cette scène culte parmi tant d'autre et plus précisément celle dans Jurassic Park où un bruit sourd est accompagné d’une secousse qui se fait entendre auprès des protagonistes. Ce plan rapproché sur le verre d’eau posé sur le tableau de bord suivi d'une autre secousse qui se fait sentir.. où des ondes concentriques se forme à la surface de l’eau. Genre de préliminaire que pouvait sortir Steven Spielberg sans avoir pour objectif de parvenir immédiatement à l'orgasme sensoriel et visuel auprès du spectateur. Alors qu’ici, Colin Trevorrow nous sert plus ou moins des scènes anecdotiques, et plus ou moins sympathiques en l’espace d’un instant.



  • Pour finir, le traitement des personnages et l’interprétation donnée par chacun des acteurs viennent apporter une certaine autodérision qui est plus ou moins la bienvenue et venant donc assumer avec légèreté, certain [choix scénaristique] passage absurde à certain moment du film. Parfois l’écriture du dialogue est bien maitrisé, parfois l’introduction de certains personnages douteux aurait pu être évité. Je parle bien entendu de Vic Hoskins incarné par Vincent D'Onofrio où son charisme se perçoit récemment dans la série Daredevil alors que dans Jurassic World, le traitement de son personnage aurait pu ne jamais existé puisqu’il n’apporte rien de particulier à l’intrigue si ce n’est que de montrer les choix équivoques de vouloir essayer de donner des pistes loufoques ou répétitives pour une possible suite de la saga. Par ailleurs, Gray Mitchell incarné par Ty Simpkins joue le sympathique enfant émerveillé alors qu’à l’inverse, son grand frère Zach Mitchell, campé par Nick Robinson se montre à la fois cynique et blasé [comme le spectateur devant les blockbusters ?] mais tout aussi agaçant et ne s’émerveillant qu’a travers les "eye contact" qu’il entreprend auprès de la gente féminine. Après, Bryce Dallas Howard nous livre une bonne interprétation mais corroboré par des plans filmiques ne l’a mettant pas forcément en valeur ou ne mettant pas en valeur le Tyrannosaurus Rex [oui c’est au choix, vous savez de quel scène je parle pour ceux et celles qui l'ont vu]. Pour Chris Pratt, fidèle à lui-même, sa cool attitude permet de désamorcer certaine situation trop sérieuse et le traitement de son personnage alpha fait un peu penser à.. How To Train Your Dragon 2 de Dean Deblois.


Pour conclure, Jurassic World est à double tranchant, il est la définition même du mot "moyen". Un film hybride génétiquement modifié, pure création du cinéaste Colin Trevorrow ayant créer une œuvre cinématographique singulièrement quelconque et hautement plat, mais peut être très sympathique et agréable à regarder de façon momentanée, malgré ses multiples défauts. Et pourquoi pas, un plaisir insoupçonné de le revoir un jour lors d’un marathon de l’entière saga Jurassic Park.


Note objective : 4/10
Note subjective : 6/10

ciniphile
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le 22 juin 2015

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