Tout comme l'Indominus Rex est un mélange hybride de dinosaures, un mélange hybride de sentiments m'a parcouru en visionnant Jurassic World. La réelle force de ce film, c'est qu'il parvient à se distancier du Jurassic Park original, en n'étant ni vraiment une 'sequel', ni une 'prequel', ni un 'remake', ni un 'reboot', mais bien un film à lui tout seul. Certes, il est infusé de références à la trilogie originelle, mais c'est comme si le réalisateur s'en servait pour mieux les déjouer, comme un pied de nez aux nostalgiques, tout en rendant hommage à la série imaginée par Steven Spielberg.
L'exemple le plus frappant est celui de l'employé du Jurassic World portant un T-shirt du Jurassic Park : il a sa vision du parc (et donc, par transfert, du film), il a ce côté un peu puriste de "ça ne pourra jamais égaler l'original de toute façon je connais mieux que personne le sujet" et pourtant à la fin, bah il pécho pas et il rentre chez lui tout aigri parce qu'il ne s'attendait pas à ça hihi
La première partie du film est clairement superflue. Le réalisateur prend le temps de développer son scénario et ses personnages par le menu, alors que le pitch du film peut largement tenir sur deux lignes et que les protagonistes ne font pas preuve d'une complexité psychologique inextricable (mot compte triple). Jurassic Park / Jurassic World, même combat : on en connait par cœur les tenants et les aboutissants. Vous pouvez donc arriver avec une bonne demi-heure de retard et enchaîner avec une petite sieste d'un quart d'heure, vous n'aurez pas raté grand chose. Trois quarts d'heure sur un film de deux heures, c'est long. Très long.
Vient alors la seconde partie et là le film explose et brille enfin. Il devient totalement décomplexé et oublie les bases formelles et pompeuses qu'il a laborieusement installées. S'enchaînent les courses-poursuites et les dinosaures enragés, les moments de tension voire de gore où on sursaute gentiment, les blagues potaches agissant comme comic reliefs bienvenus, les bons sentiments et les lieux communs, les gentils qui triomphent des méchants tout est bien qui finit bien par on ne sait quel miracle, c'est du grand n'importe quoi mais c'est bien réalisé, bien mis en scène, on exulte devant les Velociraptors, le Mosasaure et autres espèces hybrides, les effets spéciaux en mettent plein la vue, contrairement à la 3D d'ailleurs qui est encore une fois assez anecdotique, et on se dit que là, enfin, on est en train d'assister à ce pour quoi on est allé voir le film à la base : des bons gros dinosaures qui reprennent le pouvoir, des héros/anti-héros charismatiques, des gros morceaux de chair dévorés jusqu'à plus faim et le générique de fin.
Un film en demi-teinte donc, qui réussit le pari d'exister par lui-même mais qui pèche par envie de trop bien faire et de satisfaire tout le monde, en étant trop scolaire et en se prenant parfois trop au sérieux. Lorsque le réalisateur se rappelle que ce n'est "que" de l'action et de l'aventure avec des dinosaures, alors le film devient totalement jouissif et je souris et je frémis bêtement au fond de mon siège en admirant le spectacle qui s'offre à mes yeux ébahis et nostalgiques. Une vraie attraction cinématographique.