Jurassic World a été plutôt controversé. Pour ma part, j'ai lu autant de bonnes que de mauvaises critiques. J'en ai retiré surtout qu'il s'agissait du fan-film ultime et que c'était par moments presque de l'horreur où ne surtout pas emmener des gosses. Deux points qui me semblent se rapprocher plus ou moins de la réalité et qu'il faut en tout cas discuter.
Dans l'ensemble, je l'ai trouvé plutôt bon, avec plein de points positifs. L'histoire est simple mais bien gérée, les dinosaures cartonnent encore, ils ont même utilisé des animatronics pour certains — clin d'œil à la tradition, on y reviendra... Il y a même une femme qui a un rôle important sans se retrouver quasi à poil (même si elle finit bien sûr par enlever quelques couches de fringues, mais ça reste raisonnable). Pour vous convaincre que dans d'autres films tout aussi actuels, on a toujours droit à la femme-objet de manière totalement décomplexée et sans égards pour ce qu'il y a de bon dans le féminisme d'aujourd'hui, il suffit d'aller voir San Andreas, toujours à l'affiche par endroits. Honnêtement, j'ai passé un bon moment. De là à dire qu'on atteint des sommets ou par ailleurs le niveau du premier film de Spielberg, c'est évidemment raté. Jurassic World est d'un classicisme monstre et apporte peu de nouveauté sur Isla Nublar. Chris Pratt en est la petite pépite, justifiant quoique de manière très nuancée les commentaires du type "C'est le nouveau Indiana Jones." Si quelqu'un peut vraiment domestiquer des velociraptors, c'est bien lui. Non mais sérieusement, déjà rien que ça, vous y croyez, vous ? N'importe quoi ! M'enfin, c'est plus ou moins bien justifiable et bien expliqué, à la rigueur, on pourrait presque passer au-dessus. Le lien qui se crée dès la naissance bla, bla, et bla. D'accord.
Mais avancez dans le film et les raptors changent d'alpha, logique. Et là ça devient le bordel parce que même si vous étiez parvenus à croire qu'un tas de viande pouvait prendre le dessus sur un raptor, reprendre le dessus sans rien faire de plus qu'au début du film alors qu'un demi-raptor géant vient de les rendre furieux et carrément frénétiques, ça c'est vraiment trop. Et on va même essayer de vous faire croire (encore) que des alliances entre différents dinosaures sont possibles. Ça ne l'est pas. Ce sont des animaux. Y a les dominants, et les dominés, ou alors ceux qui vivent en symbiose et ça, c'est pas le cas de raptors avec un T-rex ! Bref. Je cherche la petite bête et si je commence à m'emballer avec la biologie, ça détruit d'office l'expérience Jurassic Park. Y a qu'à voir leur "dinosaure inventé," l'Indominus Rex, mélange de raptor, de grenouille arboricole, de seiche et de je ne sais pas quoi encore. The Amazing Spiderman : Le Retour.
Alors si on fait l'impasse sur la bio-logique, qu'est-ce qu'il nous reste ? Eh ben le fan-film ultime, j'ai dit ? En quelque sorte. Il y a effectivement plein de petits clins d'œils aux films originaux — les fameux Easter eggs que je vous laisse découvrir.
Et surtout au tout premier film dans un passage où les petits jeunes se retrouvent dans les vestiges de la salle accueillant le combat final T-rex vs. raptors à la fin dudit film.
À ce niveau, Jurassic World est à Jurassic Park ce qu'a été la trilogie Le Hobbit à celle du Seigneur des Anneaux : des époques et personnages différents, mais des liens forts et parfois bien ficelés et intéressants.
Le combat final est particulièrement symbolique à cet égard puisque la gonzesse va nous chercher le T-rex, qu'on n'a que trop peu vu dans ce film, pour achever l'Indominus avec les raptors. C'est peut-être une erreur monumentale de ma part, mais moi je le vois un peu comme une touche de nostalgie : on peut inventer le pire dinosaure qui soit (et faire le film le plus fou), il ne sera jamais aussi balèze qu'un bon vieux T-rex (ou que le film original).
Et de l'horreur ?! Baaaaaah... oui et non. C'est sûr que c'est pas pour les gosses de cinq ans. Mais en même temps les premiers non plus, à mon avis. On va parfois loin dans le trash, mais tout reste subjectif avec une caméra qui ne montre jamais les choses de manière trop sale (on voit en effet certains se faire bouffer clairement, les jambes sortant de la gueule des dinos etc., mais pas de sang dans ces images-là). Le sang gicle sur plutôt sur des vitres pour bien faire comprendre ce qui s'est passé, et les bruitages en rajoutent une couche. Le truc, comme pour n'importe quel film où il y a lieu de se poser la question, c'est de s'informer et surtout, de connaître vos gosses, mes chers. Aux parents de savoir s'ils sont impressionnables ou non. Je connais des enfants de moins de dix ans qui s'ennuient devant des films de zombies et des vieux ados qui tremblent devant Terminator.
La seule scène qui peut vraiment perturber est celle où les ptéranodons et autres dinos volants s'en prennent à la "baby-sitter" des deux frères. Ça dure bien deux minutes à l'entendre hurler et se faire balader de pattes en pattes avant de finir bouffée par le mosasaure. Ça gigote pas mal, mais encore une fois, pas de sang. À vous de voir.
Ce que je retire surtout de ce film en fait, en dehors du fait que j'ai très subjectivement bien aimé malgré tout ce qu'on peut effectivement lui reprocher, c'est qu'il s'agit en fait, comme beaucoup d'autres de son époque (des remakes au reboots en passant par les spin-offs et autres sequels et prequels, on a le sentiment qu'Hollywood ne fait plus que ça, même si certains valent mieux que d'autres — mais c'est un autre débat), d'une critique de la société dans laquelle il a été conçu. Il illustre l'évolution des technologies, des comportements en société, et dénonce certaines choses comme la poursuite du progrès, du toujours plus, sans prendre en compte les risques. Comme disent certains dans le film : "Ils veulent toujours plus de dents." Ben ils se font bouffer. Voilà.
Petit bonus, Omar avait peur qu'on le coupe au montage comme dans X-Men Days of Future Past, et il s'en sort pas mal : il garde une certaine importance cette fois. C'est pas encore du Marion Cotillard (alors que franchement il mérite plus une place de choix à Hollywood que cette bouse) mais notre cher petit est assurément en train de se creuser un trou en sol américain. Ça va vraiment finir par devenir une tradition !
Enfin je ne peux raisonnablement pas écrire une critique sans vous toucher un mot à propos de la musique... qui dépote, forcément, puisqu'elle emploie évidemment le célèbre thème de John Williams, magique ; mais aussi parce que c'est Michael Giacchino qui s'en occupe (plusieurs cette année, celui-là, déjà un magnifique job sur Vice-Versa...) et qu'il fait ça bien, comme toujours. C'est cependant un peu compliqué d'écrire une jolie partition avec de belles et nouvelles mélodies quand on doit composer avec le travail d'un des plus grands de tous les temps... Donc pour faire simple, elle est agréable pendant le film, mais je ne suis pas sûr de vouloir l'écouter sans l'image. Si vous voulez du bon Giacchino jazzy et mélodieux cette année, allez donc chercher le score du dernier Pixar.
Rappelons pour terminer (pour de vrai, cette fois, si si, vraiment) qu'un sept veut dire "pas mal." Les films que je veux voir plusieurs fois commencent à huit... J'ai passé un bon moment, mais c'est pas non plus le rêve. À voir en salle si vous comptez le voir, à ne pas voir du tout dans le cas contraire, c'est pas non plus la fin du monde ;)