On ne peut pas s'en empêcher, on fait forcément la comparaison avec Jurassic Park. Et c'est forcément en sa défaveur. Ou est la poésie ? Zéro magie, zéro émerveillement. Les visiteurs du parc sont blasés et on les comprend. Parce que l'émerveillement c'est un truc "solitaire", quand on a l'impression d'être privilégié. Quand tout le monde y a accès, bah ouais on peut être content quand même, mais ce n'est pas magique. Et c'est ça qui faisait, entre autre, la force du film original. On était seuls dans ce parc. Spielberg nous invitait nous et une poignée de privilégiés. Là c'est fini. On visite le parc entouré de milliers de gens et on est à Marineland ou au zoo. C'est beaucoup plus difficile alors de retranscrire cette émotion, cet extraordinaire de l'expérience. Tout ça parait bien fade surtout en comparaison de l'original.
Heureusement les 2 gosses se font la malle. Mais c'est un peu trop tard. La première partie nous a un peu désabusé et puis on sait que le danger approche. L'heure n'est plus à l'émerveillement.
L'autre aspect fort de Jurassic Park c'était le suspens, un côté quasi thriller (la scène de la cuisine ♥♥♥). Là aussi la comparaison n'est pas flatteuse pour le nouvel opus. Néanmoins c'est quand même mieux traité. L'écueil majeur, pour cet aspect, a été de faire exactement ce que le film tentait de dénoncer. "Plus de dents". Non le spectateur, en tout cas celui que je suis, ne veut pas forcément "plus de dents", plus gros, plus rapide. Il veut éventuellement plus effrayant mais ça ne doit pas obligatoirement passer par la surenchère (ici camouflage visuel et thermique, intelligence, taille, etc.). Quand le monstre original est déjà mortel quelle différence cela fait qu'il le soit un peu plus ? Aucune. Ou presque. C'est par l'ambiance, la mise en scène, le choix des cadres, le montage, la musique, etc. que ça doit passer.
Mais surtout l'énorme problème du film c'est le scénario (et aussi un méchant très très très très mauvais). Invraisemblance sur invraisemblance, grosses ficelles, dialogues risibles (qu'ils soient sérieux ou des tentatives d'humour), etc. Je réserve la palme du ridicule à la larme de Bryce Dallas Howard sur le cadavre du Brachiosaure (ou Brontosaure je ne sais plus). Ça ne colle pas une demi-seconde avec le personnage. En tout cas pas à ce moment là de son évolution (si on peut appeler ça comme ça). La nana ce n'est pas Laura Dern. Ce n'est pas une amoureuse de la nature et des dinosaures. C'est une business-woman coincée voire froide qui considère les animaux du parc comme des produits qu'il faut vendre.
Pourtant tout n'est pas mauvais. Il y a quelques moments où on se laisse vraiment prendre au jeu. La scène de la moto, une fois qu'on a accepté l'incongruité de la chose, est bien fichue, l'envol des ptérodactyles, quelques apparitions de l'Indominus Rex, etc. mais à chaque fois une nouvelle ineptie viens nous rappeler à la triste réalité de ce qu'on regarde et qu'à force de vouloir faire plus, on oublie de faire mieux.