C'est rare que je m'ennuie comme ça devant un film, mais un Jurassic...

Pendant la séquence à Malte, alors que les personnages d'Owen Grady et Claire Dearing font exactement ce qu'ils avaient promis de ne pas faire (intervenir dans une opération menée par des professionnels), Owen se bat contre un contrebandier dans un grand marché noir de dinosaures et tous les trafiquants sur place n'ont d'yeux que pour ce combat d'hommes virils et enragés, ignorant nonchalamment les deux grands carnivores échappés qui, à l'arrière-plan, dévorent consciencieusement tous les braconniers qu'ils peuvent attraper.

Voilà.

Cette scène à elle seule est symptomatique du j'm'en-foutisme complet de l'équipe derrière Jurassic World Dominion à l'égard de ce film. Les scénaristes, le réal et même les producteurs ont validé cette scène et personne ne s'est dit "attendez, pendant que les deux dinos foutent le bordel, personne ne panique, ne les entend ni ne les voit ? Tout le monde regarde Owen tabasser l'autre type ?"

BREF, Jurassic World Dominion porte très mal son nom. Le dominion éponyme ne devrait pas exister puisque les dinosaures libérés par Maisie (la gamine clonée, on va l'appeler comme ça, c'est plus simple) à la fin de Fallen Kingdom sont à peu près 12, dont un spécimen par espèce (pour la reproduction tout de suite ça pose des problèmes) et surtout sont incapables de franchir les océans, mais on nous sert quand même La planète des dinosaures : Les origines, ou plutôt une Jurassic Réserve Naturelle (qui ne s'appelle pas Park ni World cette fois) dans les montagnes italiennes (vous vous demandez pourquoi ? Bah moi aussi.) peuplée d'une vingtaine d'espèces dont trois grandes carnivores parmi lesquelles, rien que ça, le plus grand carnivore que la Terre ait jamais porté (qui vous le comprendrez très vite devient le nouveau Spinosaure/Indominus) ainsi que le T-Rex, le tout dirigé par un Américain. L'UE, le gouvernement italien... non, oubliez. Ne vous posez aucune question, y'a pas de réponse à trouver.

Jurassic World Dominion porte aussi très mal l'autre partie de son titre puisque l'intrigue principale n'est même pas centrée sur les dinosaures qui sont ici le moyen d'atteindre une fin pseudo-écologiste se résumant à "si on avait été assez malins pour ne pas créer une espèce invasive afin de spéculer sur l'agriculture mondiale, on aurait peut-être pas besoin des deux êtres les plus uniques au monde pour trouver une solution génétique à cette espèce invasive." Ah, et l'un des deux êtres en question, oubliez-le, son caractère essentiel sera oublié aussitôt qu'il aura été mentionné.

Sérieusement les gars, les producteurs, les scénaristes, concentrez-vous, c'est quand même le 5ème film où vous expliquez que mélanger capitalisme et dinosaures c'est dangereux (au moins Jurassic Park III évitait cet écueil), essayez d'avoir de nouvelles idées.

En fait ils en ont, de nouvelles idées, à commencer par multiplier les personnages principaux et secondaires (y'en a 15, je rigole pas, c'est presque autant que Le Seigneur des Anneaux qui compte en gros 17 personnages principaux et secondaires, mais lui le faisait en 3 films), même s'il compense en faisant apparaître 4 personnages 5 à 10 minutes uniquement (m'est avis que Justice Smith, après avoir assuré dans Pokémon Détective Pikachu, est juste passé pour ses deux scènes et son chèque). Cela dit, la compensation est contre-compensée par le fait que quatre personnages sont inutiles, leur rôle pouvant être occupé par d'autres. Il paraît qu'ils sont là pour le quota ethnique !

Une autre nouvelle idée (enfin, nouvelle...) dans la saga consiste à recycler des personnages, Lewis Dodgson ("DODGSON ! Dodgson est parmi nous, Dodgson est là !!!... tout le monde s'en fiche !") faisant un grand retour dans la saga pour jouer à peu près le même rôle que Toby Jones (désolé, j'ai oublié le nom de son perso, mais on s'en tape) dans Fallen Kingdom ainsi que Peter Ludlow et John Hammond avant lui, à savoir le rôle du riche Blanc qui fait n'importe quoi et sème le chaos. Moi j'pensais que sur une planète où des dinosaures évoluent en liberté, y'avait pas besoin d'antagoniste pour construire de l'adversité, mais bon...

Sinon, à part ça, que dire ? les attendus évidents de toute personne qui a vu les trailers du film (donc pas moi, je regarde plus aucun trailer depuis des années pour arriver au cinéma l'esprit le plus neutre possible, non je déconne, même sans voir les trailers y'a des infos auxquelles j'ai pas pu échapper), à savoir le trio Alan Grant/Ellie Satler/Ian Malcolm, ce dernier se trouvant dans le film et à l'endroit où on le rencontre pour la bonne raison que.... euh.... enfin il est là quoi, mais aussi l'évident passage de flambeau entre l'ancienne génération et la nouvelle, amené dans l'intrigue avec la délicatesse d'un brachiosaure (il est sorti quand le film ? juin ? Pfiou, la subtilité est partie en vacances super tôt cette année, dites !) et des clins d'œil à n'en plus finir comme si les producteurs du film étaient à tes côtés pendant ton visionnage et te donnaient des coups de coude en mode "eh, eh, t'as vu, on a remis les trucs que tu aimais dans les films de Spielberg !" sans comprendre un instant ce qui rendait ces éléments signifiants dans les films précédents (au hasard : la bombe de mousse à raser, sans déconner les gars vous aviez une check-list ou... ?).

Tout ça pour dire que le film est pas très bien écrit ni mis en scène. Il n'est jamais drôle, jamais saisissant, jamais captivant, jamais effrayant, met très longtemps à placer les dinosaures au cœur du propos, pour un long-métrage dont le titre commence par Jurassic, n'est toujours pas réaliste concernant son bestiaire (je rappelle que ce qui a tué les dinosaures, c'est L'ÈRE GLACIAIRE, donc la neige et l'eau glaciale...) et en plus il n'est même pas cohérent avec, genre, tous les films précédents (enfin sauf Jurassic Park III, parce que tout le monde s'efforce à raison de faire comme s'il n'existait pas).

La gamine clonée n'est plus un clone, enfin si mais pas comme on nous l'avait expliqué, sa maman (oui parce que maintenant elle a une maman) était une généticienne de génie mais dont on a jamais entendu parler dans aucun film de cette saga centrée sur la génétique, Owen et Claire sont à nouveau ensemble, comme quoi la séparation entre eux c'est jamais sérieux, Alan Grant et Ellie Satler sont toujours amoureux (le film te le laisse entendre après environ 4,3 secondes de dialogue entre eux) alors qu'ils avaient surmonté ça dans... ah non pardon c'était dans le film qui n'existe pas, au temps pour moi !, et le docteur Wu (pas celui qui a une boîte bleue, l'autre) a décidé d'opter pour la rédemption parce que... euh... enfin il le fait quoi (l'acteur B.D. Wong est d'origine hongkongaise, peut-être que son personnage aussi, donc il a même pas l'excuse de l'humilité face à la nature que l'on cultive au Japon...).

2h40 d'ennui, à peu près, je trouve que c'est cher payé pour un long-métrage ennuyeux, plat, dénué d'originalité et d'intelligence qui avait apparemment juste l'ambition de se terminer par des plans de documentaires animaliers commentés en voix off par David Attenborough (tu sais, le frère de Richard Attenborough, l'homme qui jouait John Hammond dans Jurassic Park et Le monde perdu, le monde est ptit, dites donc !), plans de documentaires qui auraient juste été un poil plus convainquants s'ils : 1. n'allaient pas complètement à contre-sens par rapport à la conclusion écolo de Jurassic Park 2 : Le monde perdu et 2. ne mêlaient pas avec une insouciance qui frise l'incorrection des animaux carnivores et herbivores (ou planctivores. Moi j'aurais voulu voir le plan suivant, coupé au montage, où le Mosasure dévore les baleines bleues qu'il vient de côtoyer "paisiblement").

Bref c'était pas bien, ne regardez pas ce film, ne gaspillez pas votre temps, votre énergie mentale et votre bande passante dessus, il n'en vaut pas la peine.