Il est gentil Colin Trevorrow, il commence son film par un résumé des deux précédents, que j’avoue avoir plus ou moins oubliés. Donc cette fois ça y est, les dinosaures sont sur Terre, les humains doivent cohabiter avec eux, et… Ah attendez, on me dit dans l’oreillette qu’en fait non, après une scène d’action, tout le film se déroule dans un énième complexe scientifique ? Et bah tant pis…
Cette déconvenue n’est que la première, ce troisième volet Jurassic World (ou sixième Jurassic Park, au choix) est un ratage en puissance. L’intrigue est bourrée de facilités et d’invraisemblances qui en deviennent ridicules à force.
Je citerai cette histoire de sauterelles sortie de nulle part. La réintroduction au forceps des héros du premier « Jurassic Park ». Ou un méchant en carton aux motivations plus que nébuleuses, lui aussi parachuté dans le film.
Ah attendez, on me dit dans l’oreillette qu’en fait il s’agit de Dodgson, personnage certes important dans les romans, mais qui dans le film de Spielberg a un temps de présence de… 124 secondes (non non ce n’est pas une blague, j’ai vérifié). Au passage, ils n’ont pas osé reprendre l’acteur original, celui-ci ayant entre-temps été condamné pour des crimes sexuels… Dommage car ça aurait pu le rendre un minimum menaçant.
Et puis on nous ressort à nouveau le docteur Wu, affublé d’un ridicule accoutrement. Et totalement réécrit par rapport aux films précédents, qui proposaient déjà une réécriture grotesque par rapport à sa courte apparition dans « Jurassic Park ». Et encore je ne cite là que quelques points saillants. Le récit s’effondre en permanence. Sur le budget pharaonique de 265 millions de dollars (!), il faut croire que le scénario n’était pas la priorité.
Les acteurs sont, au mieux, en pilotage automatique, au pire complètement à l’Ouest. En même temps, tout est complètement numérisé, rien n’est palpable, les pauvres comédiens ont du passer des heures devant des fonds verts… Ce que moquera d’ailleurs « The Bubble », comédie (malheureusement ratée) inspirée du tournage de « Jurassic World Dominion ».
La mise en scène est insipide au possible, n’apportant aucune tension, ne construisant que du flan numérique. Le pire, c’est que Colin Trevorrow référence régulièrement (et pas très discrètement) les autres films de la franchise. Ceux de Spielberg évidemment, mais aussi ceux de sa propre trilogie Jurassic World !
Je soulignerai tout de même quelques effets spéciaux réussis au milieu de la mare numérique, les dinosaures notamment. Et une ou deux scènes d’action pas trop mal torchées : le passage à Malte, ou la courte séquence où Bryce Dallas Howard plonge sous l’eau.
Mais « Jurassic World Dominion » est bien trop lisse et stupide pour constituer ne serait-ce qu’un divertissement acceptable, qui n’insulte pas son spectateur.