Un homme, mari et futur père de famille, est sélectionné comme juré dans un procès pour meurtre très médiatisé. Il va rapidement se retrouver aux prises avec un grave dilemme moral lorsqu'il découvre qu'il est peut-être à l'origine de la mort de la victime…
Avec Juré n° 2 Clint Eastwood parvient à renouveler l’un des genres cinématographiques préférés des Américains, le film de procès, tout en restant dans la filiation parfaitement assumée du grand classique de Sidney Lumet, 12 hommes en colère, réalisé en 1956.
La grande originalité du film est de centrer le récit sur l’un des jurés, Justin Kemp (Nicholas Hoult), qui découvre que l’accusé, désigné comme coupable de façon évidente, ne l’est vraisemblablement pas. En réalité, c’est lui-même qui a, très probablement, accidentellement et sans le savoir, causé la mort de la victime. Eastwood parvient à nous présenter ce point de départ, tout de même assez invraisemblable, de façon si habile qu’il parvient à le rendre crédible !
Tout le problème de Justin Kemp est alors de parvenir à semer le doute dans l’esprit des autres jurés pour que l’accusé innocent ne soit pas condamné, tout en ne se dénonçant pas lui-même car une série de fâcheuses circonstances pourraient lui valoir une trentaine d’années de prison. L’avenir radieux du jeune couple formé par Justin et Ally (Zoey Deutch), avenir qu’Eastwood nous présente dès les premiers plans du film d’une façon volontairement un peu mièvre, mais génialement comme on le comprendra plus tard, pourrait bien être détruit par un passé enfoui que le procès risque de faire remonter à la surface.
Avec ce quarantième film en tant que réalisateur, Eastwood, 94 ans, montre que, cinématographiquement parlant, il n’a pas pris une ride. Juré n°2 est un film de procès au scénario retors, dont le fond est complexe et surtout d’une subtile ambiguïté morale, une des plus grandes qualités de ce très grand réalisateur. Quant à la forme, elle est, comme toujours, d’un élégant classicisme, sans effets tapageurs, comme ceux que l’on retrouve souvent dans le cinéma contemporain, ce qui force l’admiration.
La séquence finale muette, superbe, que je ne dévoilerai pas, repose sur un champ-contrechamp. Ce dernier reprend le plan du générique et le premier plan du film, mais de manière inversée, et cette séquence est une des plus belles de la filmographie d’Eastwood en tant que réalisateur et, pourtant, cette filmographie n’en manque pas !