Une découverte. Un film avec Keira Knightley, trouvé complètement par hasard. Pourquoi pas ?
Le début du film m'a un peu laissé perplexe. Ok, j'ai bien compris qu'on est à J-21 de la fin du monde puisqu'un astéroïde énorme se dirige vers la Terre, signant la fin de l'humanité.
Finalement, si j'essaie de prendre un peu de hauteur, je crois comprendre que la cinéaste, Lorena Scafaria, examine quelles seront les attitudes des gens en général devant une telle échéance fatale et certaine. Il y aura ceux qui vont se jeter dans tous les excès possibles pour profiter à fond, il y a ceux qui vont choisir leur heure et préférer le suicide (assisté ou pas), il y a ceux comme la femme de ménage ou le flic qui, mort aux cons, s'accrochent à leur boulot jusqu'au bout. Il y a aussi ceux qui, devant l'impunité, vont se livrer au pillage, histoire de s'approprier une télé, par exemple, ce qui est complètement débile et vain. Et puis, il y a ceux qui vont en profiter pour revoir un père qu'ils avaient cessé de voir depuis longtemps ou rencontrer quelqu'un. Une nouvelle femme à aimer, un amour de jeunesse laissé il y a longtemps, recommencer une nouvelle vie même si elle sera brève.
Nul doute, d'ailleurs, que Lorena Scafaria voulait en venir là puisqu'elle laisse rapidement les premiers "cas" de ma longue liste ci-dessus pour ne s'intéresser qu'à Dodge (Steve Carell) et à Penny (Keira Knightley) avec une idée fixe "il n'est jamais trop tard pour aimer".
D'ailleurs le vrai titre du film n'est-il pas : Seeking a Friend for the End of the World
Du coup, le film prend un nouveau relief que les premières images ne me laissaient pas prévoir. Où le film cesse de ressembler à un film catastrophe avec un happy end. Pendant tout le film, je n'ai cessé de gamberger pour me mettre en situation. Oh, pas forcément, un astéroïde mais d'autres situations complètement analogues et plus probables comme le passager d'un bateau qui va couler (je pense au Titanic où l'orchestre continue à jouer et où les gens s'accrochent et s'aiment). La différence, de taille, c'est que le délai y est beaucoup, beaucoup plus court. J'avais pensé aussi au condamné à mort mais ça ne peut pas s'appliquer d'une part parce qu'il est enfermé et non libre, d'autre part car l'individu ne connait pas l'heure de sa mort sinon quelques instants avant.
On est rendu à un film tragique où l'homme fait face à un destin malveillant et incontournable, où l'homme n'a plus aucune échappatoire, où pour la première fois, personne ne lui cache la vérité puisqu'il sait que dans x jours, y heures, ce ne sera plus que le néant.
Les deux acteurs principaux, Steve Carell dans le rôle d'un homme flegmatique qui a pris la mesure de l'échéance pour faire un retour sur lui-même et Keira Knightley, en jeune femme nature et franche, sont très convaincants.
Pas de grands effets de mise en scène. On ne voit jamais ce diable d'astéroïde. On ne voit aucun effet spectaculaire. D'ailleurs, c'est normal, ce n'est pas le sujet. Pour un premier film de cette cinéaste, Lorena Scafaria, c'est un film bluffant. Qu'il me faudra revoir.
Pour finir, ce film est une bonne surprise car s'attaque, mine de rien, à travers des scènes parfois un peu déjantées ou d'autres plus romantiques, à un des tabous les plus fondamentaux de l'être humain confronté non pas à une mort certaine (la vie une maladie mortelle puisque personne n'en réchappe) mais à une mort programmée, à échéance déterminée dans laquelle il n'y a plus aucune place à l'espoir.