Le film démarre sur une scène froide et de la vie de tous les jours : deux parents et leurs avocats devant le bureau d’un juge, visages fermés. Le diable se cache dans les détails, et c’est le réalisme qui ne quitte pas l’œuvre de Xavier Legrand qui en fait sa principale force. Dans ce point de départ dans un bureau de palais de justice, on ignore tout du passé du couple et de la responsabilité de l’un ou de l’autre. Seules leurs avocates parlent, cachant tout du rapport de force qui anime ce couple déchiré.
De ce lent face-à-face, c’est le père qui sort gagnant en obtenant la garde de son jeune fils. Le point de départ d’une véritable violence psychologique qui ne cessera jamais, pour les protagonistes comme pour le spectateur témoin des retrouvailles hebdomadaires malsaines entre un père destructeur et autodestructeur et son fils qui ne veut plus le voir, effrayé. Anxiogène comme rarement.
Les choix du réalisateur (absence de bande originale, plans longs et resserrés sur les acteurs, tous excellents) font mouche et amplifie la tension d’une efficacité redoutable, jusqu’au dénouement, magistral, que des Hitchkock ou Kubrick n’auraient sans doute pas renié. Terrorisant.