Indéniablement, Xavier Legrand est un cinéaste a suivre désormais de très près. En effet son film Jusqu'à la garde frappe en plein coeur, de part son réalisme troublant, sa réalisation excessivement bien pensée et son incroyable intensité.
Développons un peu. Jusqu'a la garde est un drame familial saisissant. Il raconte les déboires de deux parents, en pleine procédure de divorce, qui se battent pour la garde de leur jeune fils, Julien, leur fille étant majeure. Problème, Julien ne semble plus vouloir voir son père. Le film s'intéressera donc à la relation que Antoine, le père, possède avec son fils, sa fille, et son ex femme. Là où le film révèle une rare puissance, c'est dans le développement de la personnalité des parents. On sent que le père, qualifié de violent et invivable par ses enfants, ne montre pas ces signes au départ, mais que c'est plus la mère qui semble empêcher les enfants de voir leur père. Toute une partie du film repose sur cette ambiguïté, qui s'effacera peu à peu.
Ce qui est extrêmement prenant, c'est que le film parait extrêmement vrai. Les acteurs principaux, à savoir Léa Drucker et Denis Ménochet, interprètent si bien les parents qu'on a parfois l'impression d'être dans un reportage sur une vraie famille.
Xavier Legrand utilise également de brillants processus de réalisation, amenant à encore plus de réalisme. Par exemple, lors de la fête d'anniversaire de l'ainée de la famille, on perçois a peine les dialogues, cachés par la musique (comme dans une vraie fête finalement), mais la scène est si bien tournée que l'on comprend toute la situation, à savoir que le père est présent aux alentours de la fête, et que cela pourra dégénérer a tout moment.
On peut également citer la scène où la fille utilise un test de grossesse dans les toilettes de l'école, où l'on observe tout de l'ouverture en bas de la porte, ayant seulement dans le champ de vision le sac à dos et l'emballage du test. On ne fait qu'entendre ce qui se passe, et quand l'emballage tombe au sol, et que l'on perçoit un début de sanglot, on comprend. Bravo.
Le film reste somme toute calme, très ambiguë, on se demande de quel coté l'on va pencher, celui de la mère, ou celui du père... Jusqu'a l'incroyable scène finale, d'une intensité inattendue, maitrisée de main de maitre. On en ressort chamboulé et marqué.
Jusqu'à la garde est un film puissant, intense, marquant. Xavier Legrand et son film marqueront sans nul doute ce début d'année de cinéma français. On ne peut que s'incliner devant tant de maitrise.
8 / 10