Jusqu'à l'effondrement. On a beau savoir, au deuxième, au troisième visionnage, le final de Jusqu'à la garde nous attrape viscéralement et nous fait pleurer, d'une compassion sincère, troublée en profondeur, pour cette mère et son fils pris au piège d'un père ultra-violent, une situation inextricable auquel personne ne peut rien. Une injustice sociale et morale qui nous fait hurler d'énervement, sans jamais savoir contre qui. C'est cette perte de notion de coupable (si on avait bouclé ce père toxique, le drame n'arriverait pas, mais contre qui beugler : le juge, la police, les services de l'enfance, qui ?!) qui nous rend fou, on essaie dans un premier temps de comprendre les intentions du personnage de Denis Ménochet (au sommet : on est plus que terrifié par son père de famille d'abord passif-agressif puis complètement timbré et froid), puis on sent que le scénario et la mise en scène nous rapproche affectivement du duo mère-fils, avec une grande sœur virevoltant au milieu sans qu'on ne puisse jamais la qualifier autrement que par de la pitié (l'ado est paumée). L'interprétation de Léa Drucker et Denis Ménochet est à leur sommet (elle : nous fait retenir notre souffle, lui : hante nos cauchemars), et vraiment ce final nous reste en travers de la gorge, un moment plus que difficile à passer (on pense aux femmes, aux mères et enfants qui subissent, même à moindre mesure, un harcèlement du conjoint, sans arriver à trouver l'aide appropriée : malgré le formidable travail des assos et des services d'autorité, le film reste malheureusement d'actualité). Un sujet tabou qui désole, révolte, nous plonge dans le cauchemar infernal des victimes harcelées jusqu'au point de non-retour, point où, pour notre part, on se met à pleurer comme un veau. L'image de

la mère qui agrippe son enfant dans un geste désespéré, prête à mourir en premier,

on ne s'en remet pas. Et son regard, sans un mot, coulé à sa voisine... On ne sait même plus si l'on pleure de tristesse, d'énervement, de soulagement. Il y a un avant, et un après Jusqu'à la garde.

Aude_L
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le 6 mars 2023

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