Difficile de savoir ce qu'aurait donné Jusqu'au bout du monde dans une construction linéaire mais Viggo Mortensen a préféré structurer son film autrement, avec de nombreux allers et retours, vers plusieurs strates du passé. Le procédé convient peu au western a priori, moins qu'à un film noir, disons, mais le genre même se caractérise presque toujours par son intégration d'autres catégories : policier, comédie, tragédie. En l'occurrence, il s'agit d'un mélodrame à forte densité romantique, l'histoire d'un couple à l'ouest, dont le destin est malheureusement de n'avoir que peu de temps à passer ensemble. La forme est classique, dans la nature ou dans les lieux emblématiques du western : le saloon et la ferme isolée, mais Mortensen y introduit de l'originalité avec deux outsiders pour héros, des étrangers, confrontés à l'endémique violence américaine. Dans ce contexte, la touche "féministe" est appréciable et les méchants, dans l'affaire, sont particulièrement gratinés et réussis. Face à un Viggo Mortensen égal à lui-même, c'est à dire charismatique, Vicky Krieps prouve, s'il en était besoin, sa capacité à tout jouer, même s'il serait peut-être bon qu'elle ne meure pas systématiquement dans chacun de ses rôles. Toujours est-il que l'alchimie entre les deux acteurs est indéniable, dans un film auquel il manque juste un soupçon d'émotion pour marquer davantage.

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le 5 mai 2024

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