Difficile de savoir ce qu'aurait donné Jusqu'au bout du monde dans une construction linéaire mais Viggo Mortensen a préféré structurer son film autrement, avec de nombreux allers et retours, vers plusieurs strates du passé. Le procédé convient peu au western a priori, moins qu'à un film noir, disons, mais le genre même se caractérise presque toujours par son intégration d'autres catégories : policier, comédie, tragédie. En l'occurrence, il s'agit d'un mélodrame à forte densité romantique, l'histoire d'un couple à l'ouest, dont le destin est malheureusement de n'avoir que peu de temps à passer ensemble. La forme est classique, dans la nature ou dans les lieux emblématiques du western : le saloon et la ferme isolée, mais Mortensen y introduit de l'originalité avec deux outsiders pour héros, des étrangers, confrontés à l'endémique violence américaine. Dans ce contexte, la touche "féministe" est appréciable et les méchants, dans l'affaire, sont particulièrement gratinés et réussis. Face à un Viggo Mortensen égal à lui-même, c'est à dire charismatique, Vicky Krieps prouve, s'il en était besoin, sa capacité à tout jouer, même s'il serait peut-être bon qu'elle ne meure pas systématiquement dans chacun de ses rôles. Toujours est-il que l'alchimie entre les deux acteurs est indéniable, dans un film auquel il manque juste un soupçon d'émotion pour marquer davantage.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2024

Créée

le 5 mai 2024

Critique lue 908 fois

8 j'aime

2 commentaires

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 908 fois

8
2

D'autres avis sur Jusqu’au bout du monde

Jusqu’au bout du monde
SurLaRouteDuCinma
8

THE DEAD DON'T HURT

Vivienne Le Coudy d'origine canadienne et Hoger Olsen un immigré danois se rencontrent sur le port de San Francisco. Immédiatement ils se plaisent et Vivienne part vivre dans la cabane au milieu de...

le 1 mai 2024

16 j'aime

Jusqu’au bout du monde
abscondita
8

Romance sans mièvrerie

Viggo Mortensen s’est investi dans The Dead Don’t Hurt, il en est le réalisateur, scénariste, producteur et compositeur. Sa grande sensibilité s’y exprime à travers un western psychologique, au...

le 29 mai 2024

12 j'aime

6

Jusqu’au bout du monde
D-Styx
7

Il était une fois dans l'Ouest

Après avoir fait la réouverture des cinémas post-covid en 2021 avec Falling, son premier long métrage en tant que réalisateur, Viggo Mortensen remet le couvert avec Jusqu’au bout du monde, un film...

le 7 mai 2024

11 j'aime

3

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13