Décor choisi pour la scène de l’explication finale, d’une incroyable beauté minérale...

Ce western nerveux, sombre, magnifiquement conçu et magnifiquement filmé est le deuxième long métrage que réalise Vigo Mortensen, un film à l'écriture impressionnante dans lequel il est également scénariste, compositeur et acteur. Avec presque n'importe quel autre acteur, cela pourrait être du narcissisme, ici le côté effacé et même réticent de sa présence à l'écran éloigne ce danger.

En collaboration avec le monteur Peder Pedersen, il remixe toutes les scènes dans une structure de flashback/flashforward qui intrigue, donne lieu à une révélation tardive et confère à Vivienne une dimension tragique et poignante. Mais il faut un certain temps pour s'y habituer, surtout au début, qui nous ramène de la fin de la vie commune d'Olsen et Vivienne, aux circonstances de leur première rencontre, et même à l'enfance de Vivienne.

C'est un monde de cynisme, de violence et de mauvaise foi, dans lequel l'amour d'Olsen et Vivienne – tous deux durs et sans illusion mais tellement amoureux - s'épanouit comme une fleur miraculeuse (Vivienne était autrefois fleuriste dans la grande ville, elle veut faire fleurir le sol rocailleux autour de la cabane d'Olsen).

Certains détails sont magnifiques, ainsi Mortensen crée une jolie touche pour son personnage, lorsque visitant avec Vivienne une exposition d'art, il s'approche d'un tableau mal accroché et, en touchant le cadre, le remet droit.

La violence et la tragédie sont constamment présentes, dans chaque scène et chaque plan. On est dans un monde où l’on doit soit résister violemment à l’agression soit s’humilier.

Et que dire du décor choisi pour la scène de l’explication finale, d’une incroyable beauté minérale, la nature a offert à Vigo le décor idéal pour terminer cette tragédie.