Ken Loach s’attaque ici à un sujet fort intéressant et rarement traité : les difficultés d’intégration de la communauté pakistanaise en Angleterre, vues sous l’angle d’une histoire d’amour entre un fils d’immigré pakistanais et une jeune professeur irlandaise.
Bien que son film reste de facture honorable, on sent néanmoins le réalisateur moins à l’aise quand il quitte sa zone de confort : la description des classes ouvrières anglaises. Sa reconstitution d’une famille d’origine pakistanaise n’est qu’à moitié convaincante, celle d’un lycée privé catholique anglais également, et les situations sonnent parfois un peu faux (je pense par exemple aux circonstances de la rencontre : course poursuite sans raison véritable à l’intérieur du lycée / don de la guitare dans la rue / demande un peu abrupte de déménagement du piano (« -Vous êtes entrepreneur ? Pourriez-vous déménager mon piano à queue svp ? «). Les articulations ne sont pas toujours travaillées, les détails tombent un peu du ciel, or la grande qualité du cinéma de Ken Loach habituellement, c’était précisément que toute cette dimension concrète fonctionnait à merveille.
Les scènes de sexe sont anormalement longues. Pourquoi ? Je pense qu’il s’agissait de suggérer une passion dévorante, seule façon de rendre crédible ce couple à priori surréaliste.
La scène de colère du prêtre, qui arrive comme un cheveu sur la soupe, semble n’avoir de raison que de compenser sa critique de l’Islam (un coup sur l’Islam / un coup sur le christianisme…).
On sent donc un peu les intentions, les artifices, les ficelles dans ce film sympathique mais, me semble-t-il pas tout à fait encore abouti.