Un homme (M.Bouquet) tue sa maîtresse dont on apprend juste après qu'elle est l'épouse de son meilleur ami (F.Périer). L'intrigue qui suit n'est pas policière, elle est psychologique. Claude Chabrol ne s'intéresse qu'au cas de conscience de Charles, à ses attitudes qui trahissent un sentiment de culpabilité qui pourrait amener le meurtrier à se dénoncer, au moins auprès de son entourage, de sa femme.
Drame intimiste et feutré, "Juste avant la nuit" est un Chabrol austère que sa lenteur, son récit trop morne et la relative banalité du cas psychologique d'un père de famille a priori exemplaire enferment dans une certaine monotonie. Même le décor bourgeois du sujet, déterminant ici comme dans la plupart des films de Chabrol, n'a pas la même saveur qu'habituellement, moins ironique, moins caustique, à dessein on n'en doute pas, que dans d'autres déclinaisons chabrolienne des turpitudes bourgeoises. Ainsi, les moments-clés de l'intrigue sont-ils assez indifférents quoique judicieux.
Et puis, sur la forme, celle des années 70, le film est daté. Entre autres choses, les intérieurs bourgeois, la coiffure de Stéphane Audran (la femme du criminel), les chemises de Michel Bouquet -et accessoirement l'accoutrement de Dominique Zardi, dans un vrai second rôle- sont à la limite du risible et sabordent bien involontairement la sobriété et la rigueur de la mise en scène.