Mon 9 non plus.
Ça gagne des points, d'être cent à rire. L'allocution de Noël, sur écran géant c'est marrant, ah ça défoule, on le vit mieux à plein, ça redonne au souillon sa Fraternité. Les mains sur le bureau, Macron, quelle image… le teint du bout blanc d'une Converse neuve, jamais chaussée, il tente un sourire comme s'il servait pour la première fois... les expressions dégoulinent par le bas, « écarte les mains que t'as en dessous couillon, tes belles bagues ! » que j'ai voulu crier dans le cinoche… une alliance sur chaque quatrième doigt, que j'avais pas remarquées à la télé, là ça brille en double, deux gros précieux dans le noir, gollum, gollum... vilain président joufflu… à force de faire le tapin, semble-t-y cuilà qui s'est marié deux fois.
Si vous voulez de l'objectif, du réaliste, de la mort de l'idéal, sachez que c'est chez ce chef asséché que ça s'chapeaute. À force de pas s'mouiller, ni de gauche ni de droite, à jouer la carte de tout le monde en aura, c'est surtout les gros qui prennent, et pas ce qu'ils méritent.
La technique quand on a peur de dire qu'on a envie de dire non au peuple, on réduit à la baisse du bas l'effectif de ceux et celles, chers compatriotes, qui demandent vraiment, je vous ai entendu : faignants, casseurs, fachos ... en mélangeant ça fait cassos, mais si y'a une économie qu'il aime pas Macron héron héron petit patachon, c'est celle des mots, alors il bavarde. On n'a jamais été aussi écrasé par rien du tout.
Joie, beauté, beauté des larmes, révolte… J'veux du soleil soigne le mal par le mal, la démagogie qui tue l'individu soignée par celle-ci qui le souligne. Là on va bien c'est du Ruffin, comme quand il parle à l'assemblée, exhaustif, documenté, droit dans le sujet, amusant et beau par-dessus le marché, lui et son texte, très loin par-dessus le marché, je suis fan... toujours la belle anecdote qu'il se permet parce qu'en face ça écoute pas, et pour rappeler qu'on en est là, pour rappeler que l'après-midi pêche avec le fiston, ça dépend du climat, et qu'on en reviendra là.
On est surpris de rêver politique sur du Dany Brilliant. Surpris, mais la politique quand on s'écoute, et qu'on se creuse dans l'fond du concret, c'est des blagues pour casser la tension d'oser rêver, car cette tension elle souffre toujours, même dans le meilleur des mondes, et c'est aux humains d'la porter.
Ça parle beaucoup boulot. C'est qu'il en faut aussi pour se projeter, dans la matière et dans les idées. L'utopie, par étymologie, u-topos, est un non lieu. Tenir le meilleur des mondes, s'il existait, serait de toutes manières un labeur. Alors, me dire que ceux qui se bougent le cul se gèlent les miches à couper des cageots, ça me rassure un poil sur notre avenir. Ça travaille sur les rond-points, et probable que si ça peut ça monte à Paris, et c'est arabe et blanc, il y a peut-être même des juifs dans la salle, et ça construit des maisons en palettes sous la pluie.
La politique objective c'est le néo-libéralisme, c'est avoir très peur de savoir qu'il y a des idées qui s'opposent aux idées du marché, marché qui s'impose, c'est pratique, quand on n'a pas d'idées. C'est un président qui dit oui-oui à tout dans la rue, surtout à ceux qui n'y sont pas, dans la rue, plutôt à ceux qu'ont les moyens qu'il entend bien comme une madeleine de prout, qui insistaient déjà bien avant qu'il soit élu, qui lui enlevaient le biberon pendant sa campagne, pour lui dire en lui chatouillant son gros nez caucasien "c'est bon hein... bois tout mais gaffe, c'est pas gratis". Son plus bel exploit c'est d'avoir mis en couple deux gilets jaunes, c'est la seule chose pour laquelle je peux te remercier, petit enculé, lui dit la nana maqué. C'est la sincérité contre la langue de bois, j'ai pleuré.
Le président objectif, le média objectif, obéit à l'existant qui marche plus, parce que ça tient quand même quand on force, c'est pragmatique. Suffit d'aller là où va la croûte. Développer les revendications de la majorité, les dépasser même, mettre des experts sur le coup pourquoi pas, pour imaginer un monde meilleur, créer une coopération, faire baisser la tension… ça fait pas assez panem et circenses, l'immigration par contre gros débat sur France 2... le média, quand ça frôle le politique, ça tente surtout de dire au français, sur le ton que prenait probablement papa et maman après une bêtise, que c'est bien de combattre pour manger, contre l'Apocalypse, mais que quand même c'est pas des manières...
Je veux finir en parlant de Ruffin, que j'admire pour ses interventions parlementaires, pour leur sérieux, leur exhaustivité, et aussi leur beauté, je me répète. Il joue le jeu de la beauté ici, parce qu'elle s'impose comme une réponse, une démagogie en bouclier pour le moral et plus si affinités, contre celle qui est laide. Globalement Ruffin, à l'assemblée et sur sa chaîne YouTube, a cette manière d'être pertinent très vite, et de prendre donc le temps à chaque fois d'une petite idéologie du fait divers, qui sous le couvert de l'anecdotique donne toute la matière a une pensée moderne et solide.
À noter la définition de la démagogie, dans mon petit dictionnaire politique personnel, qui nous dit ceci : la démagogie, comme excuse à ne rien faire pour le peuple, en dit surtout long sur les intentions de celui qui s'excuse. Le président est mou, c'est plus de la langue de bois, on tape dans du coton, comme dirait l'autre.
Ruffin a le rire, le sourire et les idées qui le font tenir lui-même face à cette adversité terrible, et en font tenir beaucoup d'autres. Il a choisi la mélancolie combative, contre l'hubris qui ne peut que s'écrouler sur soi.
L'hubris, seul péché reconnu par les dieux de la mythologie grecque, qui se tamponnent pas mal le coquillard de nos petites bêtises entre nous. L'hubris, la volonté de forcer son destin par le haut, est la seule de nos exubérances qui chatouille les dieux, et leur inspire la Nemesis, le foudroiement de ce qui dépasse de trop, les grands arbres, les petits paratonnerres, les bâtiments de la Défense... les gilets jaunes pour l'instant, revendiquent sans leaders davantage de démocratie, une remise à plat. Et, portés par des humilités comme celles de Ruffin ou Juan Branco, ou celles de leurs porte-paroles, ils se gardent bien de dépasser, ce qui énerve pas mal les médias, qui foudroient bêtement, au hasard de ce qui leur tombe sous la main.
Alors allez-y, gonflez le box-office comme un référendum, et prenez une bonne dose d'amour et de beauté qui elles aussi frappent au hasard.