J'veux du soleil est un objet politique, certes. C'est même un objet politique majeur. Mais s'il prend cette dimension-là, c'est d'abord parce qu'il s'agit d'un magnifique objet de cinéma. Pour être précis, c'est un formidable film d'amour. Amour pour le genre humain, amour pour ce Peuple - majuscule - filmé à hauteur d'épaule par Gilles Perret : tout en pudeur et en élégance, sa caméra caresse les visages et les corps pour nous en livrer la lumière. Pour sa part, en artiste du mot et du récit, François Ruffin est le sourcier qui fait jaillir la parole et la recueille dans toute sa puissance.
Dans une parfaite complémentarité, ce duo nous restitue de précieux instants de vie. Le plomb de la honte se change en or de la révolte. Impossible de citer tous les intervenants (et tant mieux, ainsi tu iras voir le film, ami), mais il faut avoir entendu Cindy, la bosseuse amoureuse, ou la formidable Natacha, cabossée par la vie et bouleversante de force et de dignité retrouvées. Qui parle dans ce film "s'honore du titre de citoyen".
Ajoutons que les "dialogues" sont souvent savoureux ("la moquette en poils de..." je vous laisse le plaisir) et parfois hilarants ("Mon seul souci c'est vous").
Un seul bémol, il concerne le méchant du film. Lui en fait trop ; personne ne peut être à ce point Aïe, Robot technocrate hypocrite. Enfin on l'espère. Parce que "Avoir l'air d'un faux-jeton à ce point-là c'est vraiment de la franchise", comme dirait l'autre.
Un dernier mot : ne cherchez plus la voix sur TF1 le vendredi soir. La Voix 2019 qui nous dresse les poils, c'est celle de Marie. Avec elle, on va danser au son clair des grillons et retrouver nos sourires d'enfant. On se retrouve sur les barbecues de ce printemps, les potos.