Si les films se déroulant dans un sous-marin sont inévitablement un peu limités en matière d'enjeux et de possibilités scénaristiques, il faut souvent leur reconnaître un sacré tour de force technique pour tourner dans un tel décor, anxiogène au possible pour les protagonistes comme les spectateurs. En ayant vu très peu, je ne saurais vraiment faire de comparaisons, ce qui n'empêche pas quelques commentaires généraux. D'abord, voir Hollywood produire un film narrant une histoire russe avec (presque) exclusivement des protagonistes russes, c'est franchement rare et à saluer, tout comme la présence de Kathryn Bigelow à la réalisation, celle-ci faisant une nouvelle fois preuve d'un savoir-faire et d'une maîtrise très largement à la hauteur de ses prestigieux homologues masculins.
Pouvant s'appuyer sur un rythme relativement soutenu, le résultat est solide, réaliste et suffisamment immersif pour que l'on plonge un minimum avec eux, l' « affrontement » assez subtil entre deux acteurs aussi emblématiques qu'Harrison Ford et Liam Neeson apportant un enjeu supplémentaire intéressant. Malheureusement, vous écrire que « K-19 » me restera en mémoire serait mentir. En définitive, on se rend compte que le contexte soviétique ne change pas franchement la donne d'un point de vue formel et dramaturgique, ressemblant en grande partie à ce a déjà pu être fait. Alors c'est vrai : cela permet de voir qu'en définitive, américains et russes se ressemblent en beaucoup de points quant à leur état d'esprit et une vision très patriotique (certaines divergences restant manifestes), mais de l'autre ça ne permet pas une réelle identité, donnant presque l'impression que le fameux sous-marin pourrait être yankee sans que l'on voie réellement la différence (bon, OK, j'exagère un peu).
Au moins nous évite t-on les accents ridicules histoire de faire plus authentique, souvent le meilleur moyen de couler un film... Bigelow n'a pas non plus peur d'en faire dans la dignité exacerbée, notamment dans les dernières minutes, mais cette histoire, restée secrète très longtemps, demeure intéressante à suivre, faite dans les règles de l'art sans être trop consensuel non plus (le danger des radiations nucléaires est évoqué frontalement) : un divertissement « hollywoodien » de qualité, à qui il manque un peu de personnalité et de singularité pour en faire une vraie réussite.