Ça va trop vite
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D’aussi longtemps que je me souvienne, Le Retour du Roi a toujours été mon volet préféré de la saga du Seigneur des Anneaux. L’histoire inspirante d’hommes, poussé vers un destin qu’ils n’ont, ni choisis, ni voulu, et qui se révèlent de par leurs sacrifices et leur bravoure dans les épreuves qu’ils doivent affronter. Cette histoire me fascine autant qu’elle sonne faux en moi, et c’est alors avec une grande curiosité que j’attendais l’arrivée au cinéma d’une épopée toute aussi culte (à sa manière on va dire) et bourrée de promesses ; Kaamelott.
Ce qui marque tout d’abord dans ce premier volet, c’est qu’on voyage. Les paysages défilent durant le visionnage avec une multitude de plans larges qui nous font découvrir et donnent corps à cet univers. Il réussit de même à nous y immerger en donnant le ton épique nécessaire à cette adaptation, qui se retrouve pourtant de manière prévisible à cheval entre cette fibre épiquo-romanesque, et des scénettes comiques, autant de clin d’oeils plus ou moins réussis visant à satisfaire les puristes. Ce fort contraste vient par moment (on passe de l’intimité d’Arthur et Guenièvre à un match de Robrobrol) soulever de réelles questions sur le rythme. Ce dernier est, à l’image de la musique (qui est excellente) assez soutenu dans l’ensemble mais se retrouve régulièrement (et maladroitement ?) stoppé pour que Perceval et Karradock puissent raconter leurs conneries. Ces moments, loin d’être désagréable pour un amateur de la série, viennent toutefois alourdir le récit, ne laissant que peu de place au développement des personnages ou de l’univers (hormis Arthur et Guenièvre). Ainsi, on regrette le traitement superficiel de Lancelot qui n’apparait que comme un tyran mou, inactif (quid du Graal ?), pathétique, (aseptisant de fait l’intensité du combat contre Arthur) ainsi que le manque d’évolution des autres personnages, cantonnés aux besoins narratifs du récit, ou comiques du fan service.
Les décors et effets spéciaux sont - à peu de choses près - très bon, et démontrent un réel parti pris esthétique, auquel j’adhère totalement, ce dernier participant à la crédibilité de cet univers, sublimé par une B.O. de grande qualité qui accompagne à la perfection chaque situation. En grand amateur du cinéma d’Audiard, A.A. se révèle ici plus en talentueux conteur qu’en auteur de cinéma, tant sa mise en scène (mélange des genres oblige) peine à exprimer son identité esthétique propre. Cette dernière excelle toujours en fin de compte à faire ce qu’Astier sait faire de mieux ; servir ses personnages. Il les écrit, les caste, compose, les filme sur mesure, et au final, on en redemande. Le nombre conséquent de ces personnages, tous parfaitement interprétés, font à la fois la force, la richesse mais aussi la faiblesse de ce film. Astier, habitué au format long de la série, a fatalement dû faire des choix et des coupures difficiles dans la place accordée à chacun d’eux. Il ne reste qu’à espérer que ce volet soit une transition entre les derniers fragments d’une série culte, et une véritable ambition dramaturgique.
L’histoire nous ramène aux thèmes de la transmission, des responsabilités et de l’abandon. La nouvelle génération qui veut reprendre le flambeau de la résistance, de la table ronde, et qui, in extremis, empêche - par accident soit - Arthur d’accompagner son château dans la mort, dans une énième tentative d’échapper à son destin royal.
In fine, parler d’un film revient toujours à parler du cinéma dans son ensemble. Or dans le contexte français actuel, les propositions ambitieuses peinent à trouver leur public, et les grands studios ont tendance à investir le budget dans un casting de vedettes vieillissantes, dans l’objectif de faire du contenu sur mesure pour la télévision française. Alors, Kaamelott 1er volet arrive comme un vrai bol d’air frais, pour les spectateurs, comme pour les salles, s’imposant comme une véritable proposition artistique.
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le 2 janv. 2022
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