Kaboom
6.2
Kaboom

Film de Gregg Araki (2010)

Kaboom déconcerte, Kaboom suprend, Kaboom est barré, Kaboom est juste. Grâce à une absurdité totalement assumée, Gregg Araki arrive à aborder des thèmes qui paraissent lui être chers et fait renaître un genre mort né : le teen movie. Sur fond de fin du monde, de jeunes gens découvrent les joies de leur condition, le sexe, l'amour, le complot, la fatalité, les drogues, l'université bref, tout ce que l'Amérique et son puritanisme a du mal à exprimer sans devoir se rétracter rapidement dans une morale insipide.

Gregg Araki s'affranchit de tous les codes, via l'absurdité des situations d'abord. Tout est absolument exagéré, le complot incroyable et paradoxalement bien réel, les fantasmes et les personnages, les twists consécutifs, les rencontres fortuites prévues par avance, les meurtres, l'indifférence, tout mène à comprendre que la jeunesse est dans un autre monde : elle n'est pas juste irresponsable, elle hallucine, elle est déconnectée du monde. C'est comme ça, c'est grisant et ça plait. Comme un rite d'initiation à l'âge adulte, les personnages passent par l'université et en très peu de temps sont décontenancés devant tant d'étrangeté : la sorcière nymphomane particulièrement.

L'absurdité des relations, sexuelles ou non aussi. Les personnages n'ont pas d'identité sexuelle particulière, on ne les enferme pas dans des catégories à cause de ça mais bel et bien à cause d'eux mêmes, en en faisant une abstraction totale. Les héros fantasment, se livrent aux autres et ça peut choquer ou non. Même lorsqu'on découvre l'inceste entre deux d'entre eux, on ne peut considérer que la chose comme quelque chose de banal dans cet univers si particulier. Gregg Araki de la sorte peut sortir de la vision trop schématisée de la sexualité, sans jamais pour autant se moquer d'un tel ou d'un autre : tout est cocasse, on rit franchement et venant des États-Unis, ça surprend agréablement.

Enfin, l'absurdité de l'histoire. Au départ simple teen movie, on part vite dans un scénario complètement barré, idiot, improbable voire impossible où chaque personnage peut se révéler être un autre, changer du jour au lendemain et où leurs statuts ne sont jamais acquis : même les idiots peuvent prouver qu'ils sont autre chose. Légèrement flippant par moment lorsque le héros est témoin de meurtres par des personnes aux masques d'animaux, la conspiration contée par le film est digne d'une série B made in nanarland. Pourtant, il fallait bien ça pour cadrer avec l'histoire en général et une situation initiale un peu folle. Loin des teen movies habituels, la fin permet même d'éviter toute morale, tout retour à la normale, pas d'excuses, ce qui est fait est indélébile et les évènements survenus et survenant sont bien réels.

Pourtant jusqu'à la fin, on peut rire de ce qui va se passer, on ne connait pas l'échappatoire même si on peut s'en douter, on s'en fiche, on a passé un bon moment. Et si le film va parfois trop loin, c'est vrai, l'esthétique est superbe, ces gros plans rendant la vision inévitable de ce qui va survenir et permettant aux acteurs de jouer d'un faciès parfois hilarant (On pense notamment à Thor, débile au possible). Vivement la suite de la filmographie d'un réalisateur qui semble un peu à part.
Carlit0
7
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le 11 mai 2012

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Carlit0

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