Je suis une lolita. Grandir ne fait pas partie de mes croyances. Même si je vieillis, je resterai fidèle aux volants et aux froufrous ma vie entière.
Momoko, une fille fan du style lolita et de la période Roccoco, se retrouve à vivre dans le petit village de Shimotsuma suite aux problèmes financiers de son père.
Étant loin de tout et n'ayant plus d'argent pour s'acheter les vêtements lolita qui l'obsède, elle décide de vendre des contrefaçons de grandes marques. C'est ainsi qu'elle fait la rencontre d'Ichiko, une yankee du coin.
Malgré leur tempérament et leur style totalement différents, les deux jeunes filles vont rapidement se lier d'amitié.
Une histoire qui n'est pas sans rappeler celle du manga culte NANA de YAZAWA Ai, d'autant plus que la comédienne et chanteuse TSUCHIYA Anna fait une nouvelle fois partie du casting, mais la ressemblance s'arrêtera là.
Le film est assez dur à suivre au début car l'intro nous explique toute la vie de Momoko en accéléré et d'une manière assez saugrenue, typique de l'extravagance à la japonaise, de quoi nous mettre dans le bain quant au ton résolument déjanté qu'adoptera ce film, contrairement à l'œuvre de Yazawa qui se veut bien plus dramatique. On aura également du mal à comprendre le fil rouge pendant un petit moment puisque qu'il s'agit avant tout d'un tranche de vie, mais on se surprend à prendre beaucoup de plaisir à le suivre malgré tout, les japonais excellant toujours autant dans ce genre atypique. Ainsi on observera non seulement la naissance d'une amitié improbable entre les deux protagonistes à coup de séance de broderie ou de partie de pachinko mais on découvrira surtout les motivations qui poussent ces deux jeunes filles à rejeter, de manière totalement opposée mais avec la même ferveur, la société dans laquelle elles sont censées évoluer. Et alors que tout semblait n'avoir aucun sens précis, la fin vient d'une manière surprenante et toujours aussi rocambolesque conclure cette amitié peut-être pas si hasardeuse que ça.
Les personnages sont plutôt difficiles d'approche de par leur inspiration très manga là encore et, il faut l'avouer, un peu daté désormais (les lolita froufrouteuses et les bôsôzoku à moto ne courant plus tellement les rues au Japon), mais on s'attache très rapidement à eux.
Personnellement j'ai trouvé le personnage de Momoko vraiment intriguant et intéressant (FUKADA Kyôko, parfaite dans son rôle, aidant). En effet, on découvrira rapidement que sous ses airs poupon et rêveur, cette lolita kawaii cache en réalité une force de caractère qui ne manquera pas d'exploser le moment venu, contrastant totalement avec ce que l'on attendait d'elle. Ainsi, bien qu'évoluant totalement dans son monde au début du film, Momoko subira une évolution très jolie qui lui permettra de s'en extirper.
Ichigo (qui signifie "fraise"), auto-renommée Ichiko (qui signifie "sorcière"), quant à elle, est un peu plus conventionnelle. Ici campée par une TSUCHIYA Anna avec un rôle sur mesure, c'est une jeune rebelle en marge de la société, volontairement pas très distinguée et peu éduquée, qui, au fond d'elle, n'en rêve pas moins d'être un jour acceptée par les gens ordinaires. C'est donc un type de personnage qui fonctionne bien de manière générale donc on peine moins à s'identifier à elle et on la trouve rapidement attachante en plus d'être très drôle.
Les personnages secondaires tels que la famille de Momoko ou le styliste de Baby The Stars Shine Bright sont tout aussi extravagants et volontairement caricaturaux, leur ajoutant une saveur certaine.
Le film se focalisant sur la tranche de vie, il y a certes quelques longueurs mais la mise en scène et la musique arrivent à rendre le tout très attrayant et par-dessus tout hilarant.
En effet, la mise en scène est pour moi le plus gros point fort du film. Le scénario en lui-même n'est pas follement original mais la réalisation est tellement en marge de toutes les autres productions que le film en ressort totalement transformé. On se retrouve une nouvelle fois dans un univers qui parlera aux otaku (on saluera notamment les scènes d'animation rappelant étonnamment les dessin-animés américains cette fois-ci), avec un humour très japonais, mais qui arrive à créer une sorte de monde imaginaire dont on apprend les codes au fil du film et qui n'oublie pas d'y ajouter quelques moments de tendresse typique des films pour adolescents afin de rendre le tout moins survitaminé tout du long. Comme toujours, KANNO Yôko ne déçoit pas à la B.O. non plus. Les pistes, alliée avec l'excellente mise en scène, sont toutes très marquantes et variées, allant de la musique classique au rock.
Ainsi, Kamikaze Girls n'a jamais eu la prétention d'être un chef d'œuvre, mais il en ressort une production très singulière avec un fond, certes prévisible, mais qui a le mérite de mettre en avant le mal-être des jeunes japonais sous une forme absolument unique et pacifique, tout en soulevant derrière des dialogues loufoques et ingénus des questions philosophiques et sociologiques qui méritent notre attention.
Le film en devient donc assez marquant dans son genre, tout en nous faisant passer un bon moment.
Personnellement je prends toujours beaucoup de plaisir à revoir ce film à la fois très drôle et touchant !